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Plaine-Orety – Déguerpissements : la liste des indemnisés promise, mais toujours absente

Par la Rédaction de Gabonactu24 – Libreville, 11 juin 2025

Annoncée en grande pompe pour le mardi 10 juin, la liste des personnes indemnisées dans le cadre du déguerpissement de Plaine-Orety n’a toujours pas été rendue publique. Pourtant, son dévoilement était censé marquer un tournant dans la polémique qui entoure cette opération urbaine à fort impact social. Vingt-quatre heures plus tard, le silence administratif renforce le scepticisme de nombreux citoyens, tandis que les sinistrés, eux, attendent toujours des réponses concrètes.

Une communication gouvernementale offensive

Face à la vague d’indignation provoquée par les démolitions à Plaine-Orety, le ministre de l’Habitat, Ludovic Megne Ndong, avait choisi de s’exprimer publiquement pour calmer les tensions. Invité d’un plateau télévisé de la chaîne nationale, il avait affirmé avec assurance que les indemnisations avaient bel et bien eu lieu. Mieux encore : la liste des bénéficiaires, établie par un cabinet d’huissier, devait lui être remise le mardi 10 juin, avant d’être publiée dans un souci de transparence.

« Oui, il y a eu des compensations. Je le confirme. La liste me sera remise ce mardi, et nous la transmettrons au public », avait-il déclaré, se voulant ferme et rassurant.

Un délai manqué qui relance les doutes

Mais à l’heure où ces lignes sont écrites, aucune liste n’a encore été rendue publique. Ni le ministère, ni le cabinet d’huissier désigné n’ont communiqué officiellement sur les raisons de ce retard. Un silence qui alimente la méfiance, surtout dans un contexte où les victimes du déguerpissement affirment majoritairement n’avoir reçu ni notification, ni indemnisation.

Pour nombre d’observateurs, ce délai non respecté entame la crédibilité du discours officiel. L’annonce d’une transparence future ne peut compenser l’absence d’actes immédiats, surtout lorsqu’il s’agit de questions aussi sensibles que le droit au logement, la justice sociale et la propriété foncière.

Une affaire qui révèle la profondeur de la crise foncière

Au-delà des déguerpissements, cette affaire met en lumière une problématique systémique : la fraude foncière. Selon le ministre, « beaucoup vivent sur des terrains qu’on leur a vendus sans leur dire qu’ils étaient déjà indemnisés ». Ce constat pointe la responsabilité de certains agents ou intermédiaires qui, profitant de la complexité administrative, ont cédé des parcelles déjà intégrées à des projets d’utilité publique.

Mais là encore, la question reste entière : les victimes doivent-elles payer pour les carences de l’État à sécuriser le foncier et encadrer les transactions ?

Transparence promise, justice attendue

En l’absence de la fameuse liste, la position du gouvernement reste sujette à caution. La transparence ne peut être proclamée, elle doit être démontrée. Dans ce dossier qui concerne des centaines de familles, souvent vulnérables, l’urgence n’est pas seulement sociale : elle est aussi morale et politique.

Tant que la liste des indemnisés ne sera pas publiée, accompagnée des preuves de versement et des critères d’éligibilité, le doute restera permis, et la colère des habitants légitime. Pour éviter que la situation ne dégénère davantage, le gouvernement doit sortir du silence, assumer ses responsabilités, et rétablir la confiance.

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