Référendum Constitutionnel : Une Abstention Massue qui Interroge
Le référendum constitutionnel organisé le dimanche 16 novembre 2024 devait être un moment clé pour le Gabon, marquant la première consultation populaire depuis le début de la transition politique initiée par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). Cependant, les chiffres de la participation, bien qu’attendus officiellement, s’annoncent historiquement bas, mettant en lumière un phénomène qui ne peut être ignoré : l’abstention.
Une Désaffection Massique
Alors que le scrutin portait sur des réformes constitutionnelles censées poser les bases d’une nouvelle ère démocratique, les Gabonais ont majoritairement choisi de ne pas se rendre aux urnes. Dans de nombreux centres de vote, l’absence des électeurs était flagrante. « Je ne vois pas l’intérêt de voter pour une réforme dont les résultats semblent déjà décidés », confie un électeur de Libreville rencontré dans un quartier populaire.
Cette attitude a été largement observée, même dans des bastions politiques traditionnels. Ce désintérêt massif interroge sur l’état d’esprit de la population face aux promesses de renouveau institutionnel portées par le CTRI.
Une Crise de Confiance
L’abstention record révèle une défiance profonde envers les processus politiques. « Ce n’est pas un rejet de la Constitution en soi, mais une réaction à des méthodes qui semblent toujours aussi opaques et unilatérales », analyse un politologue gabonais.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer ce désintérêt. D’une part, une campagne perçue comme trop orientée, marquée par une surabondance de messages en faveur du « Oui » et un manque de véritable débat contradictoire. D’autre part, une méfiance envers les institutions, exacerbée par des décennies de pratiques électorales controversées.
Le CTRI à l’Épreuve
Si le référendum était censé renforcer la légitimité de la transition, le faible taux de participation risque d’avoir l’effet inverse. « L’absence des citoyens dans les urnes est un signal d’alerte. Cela traduit un désengagement qui, s’il n’est pas pris en compte, pourrait s’accentuer lors des prochaines échéances électorales », prévient un analyste.
La réussite de la Transition repose en grande partie sur la capacité du CTRI à restaurer la confiance des Gabonais. Cela implique une introspection profonde sur la conduite du référendum et une volonté d’ajuster les stratégies à venir.
Un Avertissement à Ne Pas Ignorer
L’abstention lors de ce référendum ne peut être considérée comme un simple détail. Elle est un avertissement sérieux sur le fossé qui persiste entre les citoyens et leurs dirigeants. Si le CTRI veut réussir sa mission, il devra non seulement entendre ce message, mais aussi y répondre par des actions concrètes.
La transition gabonaise est à un tournant. L’avenir politique du pays dépendra de la capacité des autorités à restaurer une véritable confiance et à offrir des garanties de transparence et d’équité. Le verdict des urnes est clair : sans une adhésion populaire, toute réforme, aussi ambitieuse soit-elle, risque de rester lettre morte.