Gabon : Le couvre-feu levé après des dérives policières inacceptables
Après des mois de restrictions et des dérives policières dénoncées par une large frange de la population, le couvre-feu en vigueur sur tout le territoire gabonais a finalement été levé. Cette annonce, faite ce mercredi 18 décembre 2024 par le général de division aérienne Félicien Koyi, directeur de cabinet du ministre de la Défense nationale, est accueillie avec un mélange de soulagement et d’amertume.
Des dérives qui auraient pu être évitées
Il aura fallu des abus répétés et des violations graves des droits humains pour que le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, décide de mettre fin à une mesure de plus en plus impopulaire. Des compatriotes, arrêtés pour violation du couvre-feu, ont été soumis à des humiliations publiques, notamment le rasage forcé du crâne, des pratiques jugées dégradantes et contraires à la dignité humaine.
Ces dérives ont suscité une vague d’indignation au sein de la société civile et des organisations de défense des droits humains, qui ont dénoncé une normalisation inquiétante des abus policiers. Ces actes ont mis en lumière un usage disproportionné de la force et un mépris pour les principes de justice et de respect des libertés fondamentales.
Une décision tardive mais nécessaire
Lors de son intervention sur Gabon 24, le général Félicien Koyi a annoncé la levée immédiate du couvre-feu, soulignant que cette mesure vise à permettre aux populations de profiter pleinement des célébrations de fin d’année. Cependant, pour de nombreux observateurs, cette décision arrive tardivement, après des mois de restrictions qui ont laissé des cicatrices sociales et économiques profondes.
Un “cadeau” qui ne fait pas oublier les abus
Si la levée du couvre-feu est perçue comme un soulagement, elle n’efface pas les séquelles des mois de restrictions. Les secteurs économiques liés à la vie nocturne, durement éprouvés, espèrent retrouver une certaine vitalité, mais les citoyens, eux, gardent en mémoire les humiliations subies.
Pour beaucoup, cette décision semble davantage motivée par le besoin de calmer une opinion publique excédée que par une réelle prise en compte des besoins des populations.