POLITIQUE

Gabon : le Sénat passe à 70 membres

Libreville – 3 juin 2025. Le processus de refondation institutionnelle entamé au Gabon après le changement de régime en août 2023 franchit une nouvelle étape. Le comité chargé de la révision des textes électoraux et politiques a soumis au président de la République un avant-projet de loi portant augmentation du nombre de sénateurs de 52 à 70. Cette mesure, qui s’inscrit dans un contexte de recomposition institutionnelle, suscite déjà critiques et interrogations quant à sa pertinence et à ses implications réelles.


Une réforme structurelle sans justification publique

L’élargissement du Sénat, entériné dans les conclusions remises à Brice Clotaire Oligui Nguema par les 30 rédacteurs des avant-projets de loi, ne s’accompagne d’aucune note explicative détaillant les critères de répartition géographique ou politique des 18 nouveaux sièges.

Cette absence de transparence alimente les critiques. Pour certains observateurs, l’initiative, présentée comme une modernisation, pourrait masquer une stratégie d’élargissement politique destinée à intégrer des alliés ou à renforcer le contrôle sur l’institution, au détriment d’un véritable équilibre des pouvoirs.


Une charge budgétaire dans un contexte économique sous tension

Dans un pays confronté à des défis économiques persistants retards dans le paiement des bourses, infrastructures déficientes, difficultés d’accès aux soins l’augmentation du nombre de parlementaires interroge sur les arbitrages budgétaires opérés par l’exécutif.

Chaque siège sénatorial induit des coûts directs (rémunérations, frais de session, logistique) mais également des charges indirectes. « Une telle réforme institutionnelle devrait s’appuyer sur une étude d’impact rigoureuse, ce qui semble absent à ce stade », confie un économiste gabonais.



Une vision du Sénat à repenser

En l’absence de réforme sur les compétences, les prérogatives ou le fonctionnement de la chambre haute, l’augmentation du nombre de sièges apparaît pour beaucoup comme une inflation institutionnelle peu justifiée.

Si certains défendent l’idée d’une meilleure représentativité territoriale ou d’une ouverture à la société civile, d’autres dénoncent un alourdissement structurel sans garantie d’efficacité législative accrue.

« Le Sénat gabonais ne peut pas se contenter d’être un instrument de confort politique. Il doit démontrer sa capacité à produire des normes de qualité et à exercer un réel contrôle sur l’action gouvernementale », analyse un juriste constitutionnaliste.


Un test de crédibilité pour la réforme institutionnelle

Loin d’être un simple ajustement technique, l’élargissement du Sénat met à l’épreuve la sincérité du processus de refondation institutionnelle en cours. Entre volonté de réforme et soupçons de calculs politiques, la démarche divise, et renvoie à une question plus large : quelle vision du Parlement pour quel projet républicain ?

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