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Lutte contre la corruption : Oligui Nguema met l’ancien régime sous pression

Par Brice Gotoa | Libreville, 21 juillet 2025 | GabonActu24

Libreville – Alors que les révélations s’accumulent sur les pratiques opaques de l’ancien régime, le président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a décidé de passer à l’offensive. Ce lundi 21 juillet, il a réuni au Palais du bord de mer plusieurs acteurs majeurs de la société civile, engagés dans la lutte pour la transparence, la bonne gouvernance et la reddition des comptes.

À l’issue de cette rencontre, une série de mesures fortes a été annoncée. Parmi elles : le dépôt imminent d’une plainte visant des cas présumés de corruption et de détournements massifs de fonds publics, ainsi que le renforcement des capacités de l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF), pierre angulaire du dispositif national de lutte contre le blanchiment d’argent.

Une volonté politique affirmée… enfin ?

Depuis son arrivée au pouvoir en août 2023, à la suite d’un coup d’État ayant mis fin au règne d’Ali Bongo Ondimba, le président Oligui Nguema a multiplié les déclarations d’intention sur la moralisation de la vie publique. Mais pour beaucoup d’observateurs, il manquait jusqu’ici des actes concrets et visibles. La réunion de ce 21 juillet et la stratégie coordonnée avec la société civile pourraient donc marquer le début d’un tournant opérationnel.

Le chef de l’État a rappelé que le Gabon est signataire de la Convention des Nations Unies contre la corruption (dite Convention de Mérida) et qu’il est désormais impératif de traduire ces engagements internationaux en actions concrètes. « Nous devons aller au bout de notre promesse de justice, car la confiance du peuple passe par l’exemplarité de ses dirigeants », aurait-il affirmé selon une source proche de la présidence.

Société civile et pouvoir exécutif : vers une alliance anticorruption ?

Fait notable, cette démarche associe pleinement la société civile, représentée notamment par des organisations telles que Publiez Ce Que Vous Payez, Tournons La Page ou encore la Coalition gabonaise contre l’impunité. Ces dernières, longtemps marginalisées sous l’ancien régime, retrouvent aujourd’hui une place stratégique dans le débat public.

Le dépôt de plainte attendu dans les prochains jours viserait des personnalités de haut rang de l’ex-régime, dont les noms circulent déjà dans certains rapports confidentiels. Il s’agirait de dossiers liés à des marchés publics surfacturés, des détournements dans les régies financières, ainsi que des avoirs transférés à l’étranger.

les Gabonais attendent des résultats

Pour autant, le scepticisme demeure dans une partie de l’opinion. Si la volonté affichée est saluée, de nombreux Gabonais redoutent que cette nouvelle phase ne reste, elle aussi, au stade des intentions. La confiance, longtemps érodée par des décennies de pratiques clientélistes, ne pourra être restaurée que par des résultats concrets : arrestations, poursuites judiciaires, recouvrements effectifs des fonds publics volés.

En toile de fond, plusieurs observateurs appellent à ce que la justice demeure indépendante, notamment dans le traitement de ces dossiers sensibles. « Le risque, c’est que la lutte anticorruption ne soit perçue comme un outil de règlement de comptes politique », alerte un juriste proche du Barreau de Libreville.

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