Dans un contexte économique national marqué par une dette étouffante et des partenaires internationaux de plus en plus méfiants, le gouvernement de Transition a décidé de tourner une page en remplaçant Mays Mouissi par Mark Alexandre Doumba à la tête du ministère de l’Économie et des Participations. Ce remaniement ministériel, loin d’être anodin, interpelle : marque-t-il un aveu d’échec dans la stratégie économique actuelle ou une simple tentative de redressement en urgence ?
Mays Mouissi : un mandat marqué par l’inefficacité
À son arrivée au ministère, Mays Mouissi avait pour mission de stabiliser une économie à bout de souffle. Mais le constat est sans appel : les résultats de sa gestion sont restés en deçà des attentes. La suspension des financements de la Banque mondiale, due aux retards dans le remboursement de la dette, symbolise l’impasse dans laquelle s’est retrouvé son ministère. Cet échec, d’une gravité exceptionnelle pour un pays dépendant des bailleurs internationaux, a entaché la crédibilité du Gabon sur la scène internationale.
Bien que Mays Mouissi ait initié des réformes, notamment pour rationaliser les dépenses publiques et optimiser la collecte des ressources, leur impact a été jugé insuffisant par les observateurs. Ses initiatives manquaient d’envergure face à des défis structurels bien plus profonds, renforçant l’idée d’un pilotage sans vision claire.
Mark Alexandre Doumba : un pari audacieux mais risqué
En confiant ce portefeuille stratégique à Mark Alexandre Doumba, le président de la Transition semble vouloir insuffler une nouvelle dynamique à la politique économique du pays. Économiste et entrepreneur de renom, Doumba bénéficie d’une expérience internationale dans des secteurs stratégiques tels que la finance numérique, les télécommunications et la logistique. Son succès avec CLIKAFRIK Group et CLIKPAY Mobile Money, une néo-banque panafricaine, témoigne de sa capacité à transformer des défis complexes en opportunités.
Cependant, le passage du secteur privé à une administration publique marquée par des lourdeurs bureaucratiques et des pratiques opaques est un exercice périlleux. Pour Doumba, l’enjeu ne sera pas seulement d’appliquer ses compétences techniques mais aussi de naviguer dans un environnement institutionnel souvent hostile au changement.
Des priorités colossales
Doumba hérite d’une situation économique critique, qui appelle des réformes rapides et ambitieuses. Ses priorités seront :
- Rétablir la confiance des bailleurs internationaux, en engageant des négociations crédibles sur le remboursement de la dette et en garantissant une gestion plus transparente des finances publiques.
- Diversifier les sources de revenus de l’État, encore trop dépendantes du secteur pétrolier, en stimulant les secteurs innovants comme la finance numérique et l’agriculture.
- Accélérer la digitalisation des services publics, une stratégie essentielle pour réduire la corruption et améliorer l’efficacité administrative.
Une gestion sous pression
La nomination de Mark Alexandre Doumba intervient dans un climat d’urgence économique où chaque décision sera scrutée avec attention. Si son profil international inspire confiance, son succès dépendra largement de sa capacité à s’adapter à la réalité politique et économique du Gabon. La question cruciale reste : Doumba pourra-t-il réparer les erreurs de son prédécesseur tout en transformant les structures rigides de l’administration gabonaise ?
Un remaniement comme bouc émissaire ?
Au-delà des personnalités, ce remaniement soulève une interrogation plus large : la crise économique gabonaise peut-elle réellement être résolue par un simple changement d’homme à la tête du ministère de l’Économie ? Les faiblesses structurelles du pays, accentuées par une gouvernance souvent critiquée pour son manque de transparence et de vision, ne risquent-elles pas de condamner à l’échec même les profils les plus compétents ?
En choisissant Mark Doumba, le gouvernement joue une carte risquée. Si les attentes sont grandes, les obstacles le sont tout autant. Ce pari audacieux pourrait être le début d’une transformation économique ou, au contraire, un nouvel épisode dans l’échec des politiques publiques gabonaises.