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GABON : LE CHAOS HYDRO-ÉNERGÉTIQUE OU LA BANALISATION DE L’INCOMPÉTENCE POLITIQUE

Depuis plusieurs jours, les coupures d’eau et d’électricité perturbent profondément la vie quotidienne au Gabon. Un incident qui suscite des interrogations sur ses causes réelles et qui expose les fragilités structurelles des infrastructures énergétiques du pays.

Alors que les autorités évoquent la possibilité d’un sabotage, d’autres voix y voient surtout le résultat d’une gestion accumulée sur plusieurs décennies, aujourd’hui mise à l’épreuve.Dans ce contexte, l’enjeu est d’évaluer les responsabilités partagées entre l’héritage d’un passé récent et la capacité du pouvoir de transition à offrir des solutions efficaces et durables.

Des fragilités héritées du passé

La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG), opérateur clé dans l’approvisionnement en ressources vitales, a longtemps fonctionné sous tension, confrontée à un réseau vieillissant et un manque d’investissement dans les infrastructures stratégiques.

La multiplication des coupures n’est donc pas nouvelle : elle reflète un problème systémique qui s’est développé sur des années, entre maintenance insuffisante et croissance urbaine non maîtrisée.Les anciens dirigeants n’ont pas toujours su anticiper l’évolution des besoins énergétiques et hydrauliques du pays.

Les investissements à long terme ont souvent été relégués au second plan, laissant la SEEG évoluer dans un cadre fragile. Ce retard accumulé pèse aujourd’hui lourdement sur les performances du réseau.

La transition face à un défi immédiat

Pour le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), la crise actuelle constitue une épreuve majeure. Chargé de remettre le pays sur les rails, le CTRI doit désormais affronter une urgence concrète qui met à l’épreuve ses capacités de gestion.

Si l’hypothèse de sabotage évoquée par les autorités mérite d’être explorée, l’absence de preuves tangibles à ce stade invite à la prudence. La priorité semble plutôt être d’assurer une réponse rapide et pragmatique pour rétablir les services essentiels. Il s’agit aussi de regagner la confiance d’une population éprouvée par des années de promesses non tenues.

Les attentes sont d’autant plus fortes que cette transition a été présentée comme une rupture avec les pratiques du passé. Mais sans un plan d’action clair et une meilleure communication de crise, la crédibilité des autorités pourrait rapidement s’effriter.

Les Gabonais face à l’abandon

Ce sont les citoyens, encore et toujours, qui paient le prix fort. La vie sans eau ni électricité n’est pas seulement une épreuve logistique : elle est la négation même du droit à la dignité. Pendant que les dirigeants se perdent en conjectures, les ménages doivent improviser chaque jour pour trouver de l’eau potable, conserver leurs denrées alimentaires ou simplement assurer un minimum de confort à leurs enfants.Cette situation aurait pu être évitée. Mais il aurait fallu, pour cela, une classe politique préoccupée par l’intérêt général, et non par ses propres privilèges.

Le peuple gabonais observe, mais il n’attendra pas éternellement. S’il n’obtient pas de réponses rapides et concrètes, il se souviendra longtemps de ceux qui auront contribué à prolonger sa souffrance, sous couvert de transition. Et l’histoire ne les absoudra pas.

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