Gabon : une levée record de 1 400 milliards de FCFA pour alléger une pression budgétaire

Le Gabon vient de franchir une étape majeure dans la gestion de sa dette publique. Ce lundi 28 avril 2025, les ministères des Comptes publics, de la Dette et de l’Économie ont annoncé avoir mobilisé plus de 1 400 milliards de FCFA dans le cadre de l’opération baptisée « Mouele ».
Un montant inédit, destiné à contenir une dette intérieure qui menaçait d’asphyxier la trésorerie de l’État et de freiner les investissements publics. Mais si le succès immédiat est salué, plusieurs observateurs restent prudents quant aux effets à moyen terme.
Restructurer dans l’urgence
L’opération « Mouele » repose sur trois piliers principaux :Reprofilage de la dette intérieure : 592 milliards de FCFA de dettes existantes ont été réétalés, portant la maturité moyenne de 2,3 à près de 6 ans. Cette manœuvre vise surtout à reporter l’échéance des remboursements, sans annuler l’obligation de paiement à terme.
Titrisation de créances bancaires : 473 milliards de dettes détenues hors marché ont été transformés en Obligations du Trésor Assimilables (OTA) remboursables sur six ans, avec deux ans de différé. Une technique qui allège immédiatement la pression bancaire, mais qui reste un pari sur la capacité future de remboursement.
Mobilisation de ressources nouvelles : 338 milliards ont été levés sur le marché régional, signe encourageant d’une confiance relative des investisseurs, mais aussi d’une dépendance accrue aux financements extérieurs.
Un répit, pas une solution structurelle
Les autorités mettent en avant un gain de 680 milliards de FCFA, réparti entre un allègement de trésorerie immédiat (494 milliards) et des économies sur intérêts (189 milliards).
Avec une dette intérieure évaluée à 2 196 milliards de FCFA en février 2025 et des pics de remboursement concentrés entre 2025 et 2027, le Gabon achetait ici un temps précieux pour éviter un défaut technique.
Confiance des bailleurs
L’opération a néanmoins permis de resserrer les liens avec les acteurs régionaux (UBA, BGFI Bank, Ecobank, Orabank, Coris Bank) et d’obtenir un appui ponctuel d’institutions internationales telles que la Banque mondiale, l’AFD, le FMI et la BAD.
cet engouement s’explique aussi par des garanties implicites : la signature gabonaise reste fragile, et l’ombre d’une dégradation de la note souveraine n’est jamais loin. Le succès de « Mouele » doit beaucoup à un contexte régional de taux relativement bas et à une stratégie diplomatique offensive lors des dernières réunions de Washington (20-25 avril).