Gabon : Brice Oligui Nguema officiellement investi président, une nouvelle République s’ouvre à Libreville

Libreville, 3 mai 2025 – Par notre envoyé spécial
Après près de vingt mois de transition militaire, le Gabon entre dans une nouvelle ère. Brice Clotaire Oligui Nguema, artisan du renversement d’Ali Bongo Ondimba en août 2023, a prêté serment ce samedi 3 mai en tant que président élu de la République gabonaise. Un acte à la portée historique qui consacre la fin de la période transitoire et le retour à un ordre constitutionnel civil.
Une investiture aux accents républicains et traditionnels
Au stade de l’Amitié d’Angondjé, transformé pour l’occasion en temple de la République, des milliers de citoyens, chefs d’État africains et représentants de la communauté internationale ont assisté à la cérémonie d’investiture. La main posée sur la Constitution, Oligui Nguema a juré de « consacrer toutes ses forces au bien-être du peuple gabonais » et de défendre « l’intégrité du territoire national ».
Mais c’est un moment inédit qui a marqué les esprits : la bénédiction du mandat présidentiel par les gardiens des rites et traditions gabonaises. Devant les notables coutumiers, Oligui Nguema a allumé neuf bougies symbolisant les neuf provinces du pays, dans un geste hautement symbolique de réconciliation entre la République et les racines spirituelles du Gabon. Une première dans l’histoire du pays.
Un septennat promis à la réforme
Dans son premier discours présidentiel, le chef de l’État a tracé les contours de son mandat. Il a promis un septennat placé sous les signes de la justice, de la lutte contre l’impunité, de la performance administrative et du redressement économique. Santé, éducation, sécurité et emploi figurent parmi les priorités annoncées.
« Ma victoire n’est pas celle d’un homme, ni d’un parti. C’est celle d’un peuple en quête de dignité et de renouveau », a-t-il affirmé, évoquant une « renaissance nationale » face à des décennies d’instabilité et de frustrations.
Une transition saluée, des attentes immenses
Élu avec 94,85 % des suffrages lors du scrutin présidentiel du 12 avril, Oligui Nguema bénéficie d’une forte légitimité populaire. Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, facilitateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), a salué un « exemple africain de transition pacifique », insistant sur le rôle du dialogue dans la réussite du processus.
Mais les défis s’annoncent colossaux. L’État gabonais reste fragilisé par une décennie de crise institutionnelle, marquée par la gestion contestée du régime Bongo. Le nouveau président est attendu sur la restauration des contre-pouvoirs, la transparence budgétaire, la décentralisation et la réforme de l’appareil judiciaire.
L’épreuve du pouvoir
Oligui Nguema l’a annoncé : les élections législatives, locales et sénatoriales auront lieu avant la fin 2025, ultime étape pour tourner définitivement la page de la transition. Reste à savoir si l’homme fort de Libreville saura incarner un président réformateur, capable de fédérer les forces vives du pays et d’éviter les pièges de la personnalisation du pouvoir.
L’euphorie de l’investiture ne doit pas faire oublier que le Gabon s’avance désormais sur une ligne de crête, entre promesse démocratique et réalités d’un État à reconstruire.