Projet du bassin versant de Gué-Gué : plus de 1 000 logements et une volonté d’entrer dans la phase active

Alors que les opérations de déguerpissement se multiplient dans le 1er arrondissement de Libreville, le projet d’aménagement du bassin versant de Gué-Gué, piloté par l’Unité de coordination des études et travaux (UCET), entre dans une phase cruciale. Dans un entretien accordé à L’Union, son coordonnateur général, Guy Ulrich Odounga, a tenu à clarifier les contours du projet, les garanties offertes aux populations impactées, et les perspectives d’avancement à court terme.
Des garanties de relogement pour les familles recensées
D’emblée, le responsable de l’UCET se veut rassurant : « Les personnes impactées par ces démolitions, et qui ont été dûment répertoriées, seront indemnisées et réinstallées », affirme-t-il. Selon lui, 490 familles ont été identifiées lors des évaluations menées dans le cadre du projet. Un travail technique de longue haleine, amorcé dès 2012 et inscrit dans une Déclaration d’utilité publique (DUP) depuis 2014, qui encadre légalement les emprises concernées.
Un Plan complet de réinstallation (PCR) a été prévu à Bikele-Nzong, avec une première livraison de 300 logements dès le 30 août 2025, suivie de 770 autres unités financées via un prêt additionnel de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). À terme, ce sont 1 070 logements, accompagnés d’équipements sociaux (écoles, dispensaires, plateaux sportifs…), qui seront mis à disposition des familles déplacées.
Une opération d’intérêt général, mais aux contours parfois mal compris
Le projet d’assainissement et d’aménagement des voies d’accès du bassin versant de Gué-Gué vise une superficie de 854 hectares, en zone urbaine dense. Il s’inscrit dans un vaste plan de résilience face aux inondations et de modernisation des infrastructures du 1er arrondissement. En complément des zones de Terre-Nouvelle et de Lowé-IAI, Gué-Gué constitue un maillon essentiel de la stratégie d’urbanisme durable portée par l’État et ses partenaires techniques.
Cependant, la communication institutionnelle semble encore peiner à convaincre une partie des populations concernées. Certaines familles continuent de refuser de libérer les lieux, parfois en raison d’un manque d’information, parfois par crainte d’une exclusion des mécanismes d’indemnisation. « Il y a eu des consultations publiques. Mais beaucoup de compatriotes ont construit sans autorisation, ignorant qu’ils se trouvaient dans une zone sous DUP », regrette Odounga.
Accélérer le processus pour rassurer les bailleurs
Face à ces blocages, l’UCET entend intensifier les campagnes de sensibilisation, tout en procédant à une actualisation des données à travers une « photographie 2025 » du site. Cet inventaire actualisé permettra de trier, selon des critères officiels, les ayants droit à l’indemnisation. Il s’agit aussi de démontrer à la BDEAC que le projet progresse concrètement, condition indispensable au déblocage des fonds complémentaires.
L’enjeu est de taille. Car au-delà des dimensions sociales et urbaines, le bassin versant de Gué-Gué incarne l’une des vitrines de la politique d’aménagement du territoire dans la capitale gabonaise. En cas de succès, il pourrait servir de modèle pour d’autres zones vulnérables.
Une équation délicate entre urgence urbaine et justice sociale
Alors que les pelleteuses poursuivent leur œuvre à Plaine-Orety, les déclarations de Guy Ulrich Odounga révèlent une volonté de concilier rigueur technique et approche sociale. Mais la réussite du projet dépendra étroitement de la transparence du processus, du respect des engagements envers les familles, et de la capacité de l’État à gérer les résistances avec tact et équité.
Le défi est clair : réhabiliter la ville sans déshumaniser ses habitants.