Loi de finances 2026 et PNCD : le Gabon en quête de financements crédibles pour une croissance ambitieuse

Libreville, 25 juillet 2025 – Sous les lambris feutrés de l’hôtel Radisson Blu de Libreville, l’État gabonais a donné le ton : préparer autrement la loi de finances 2026, en intégrant résolument les impératifs de transformation économique, d’efficacité budgétaire et de mobilisation des financements. Un exercice stratégique, autant qu’un défi de crédibilité.
Placée sous l’égide du Ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, en charge de la Lutte contre la Vie Chère, la rencontre a réuni un large éventail d’acteurs : universitaires, chefs d’entreprise, partenaires au développement, experts financiers… Tous conviés à réfléchir, sous un thème à la fois ambitieux et révélateur : « Quelle stratégie de financement pour assurer une croissance forte ? »
Un cap affiché : 10 % de croissance, 10 000 milliards à mobiliser
Le décor est planté. Le Plan National de Croissance et de Développement (PNCD), outil central de planification économique du pays, vise à porter la croissance nationale à 10 % par an. Une ambition portée par le président de la République, S.E. Brice Clotaire Oligui Nguema, dans le cadre du pilier 5 « Économie et Développement Durable ».
Mais à la hauteur de l’ambition, se dresse une équation budgétaire exigeante : 10 000 milliards de francs CFA à mobiliser sur plusieurs années. Un chiffre qui donne le vertige, surtout dans un contexte de resserrement de l’espace budgétaire et d’endettement préoccupant.
Une volonté affichée de concertation, mais des attentes concrètes
À Libreville, les discussions ont porté sur trois leviers essentiels :
- Les instruments financiers à mobiliser pour soutenir les réformes de fond et les projets prioritaires ;
- Les incitations à l’investissement, notamment dans les secteurs structurants (agro-industrie, BTP, pétrole, transport, énergie…) ;
- Les conditions d’accès aux financements internationaux, dans un environnement où les bailleurs, eux aussi, imposent désormais des conditions de performance et de transparence plus strictes.
Ce dialogue est salutaire. Il rompt, en apparence, avec une pratique centralisée de l’élaboration budgétaire. Mais il ne suffira pas, à lui seul, à convaincre. Car au-delà des intentions, les partenaires techniques et financiers attendent des garanties sur la soutenabilité de la dette, la qualité de la dépense publique et la fiabilité de l’exécution budgétaire.
Une stratégie de transformation, mais encore floue dans ses mécanismes
Si la vision de transformation est posée, les mécanismes concrets de sa mise en œuvre restent à préciser. À commencer par la qualité des réformes annoncées. De quels types d’investissements s’agit-il ? Quelle place pour le secteur privé national ? Quelle stratégie pour réduire les vulnérabilités structurelles de l’économie, encore largement dépendante des matières premières ?
Il ne faudrait pas que cette ambition reste cantonnée à une vitrine technocratique sans impact réel sur la vie des Gabonais.
Le Gabon face à un impératif de cohérence
Le vrai défi réside moins dans la capacité à produire des documents de cadrage que dans celle d’en assurer la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation. Et surtout, dans la nécessité d’établir un lien crédible entre les discours sur la croissance inclusive et les réalités sociales du pays : accès à l’eau, à l’électricité, à l’emploi, à un tissu productif local soutenu.
Comme le souligne un économiste présent à la rencontre : « Il ne s’agit pas seulement de financer la croissance, mais de démontrer que cette croissance améliore effectivement les conditions de vie des populations. »
une dynamique à soutenir, un cap à clarifier
L’initiative du gouvernement d’ouvrir la discussion sur les moyens de financer son ambition est à saluer. Elle marque une volonté d’écoute et d’ouverture. Mais pour franchir un cap, le Gabon devra passer du discours stratégique à une gouvernance budgétaire fondée sur la performance, la clarté des priorités et l’évaluation des résultats.
La loi de finances 2026, à venir, sera un test : celui de la cohérence entre les engagements pris à Libreville et leur traduction concrète dans les allocations budgétaires. Le pays ne peut plus se contenter de promesses : les investisseurs et les citoyens attendent des preuves.