ENTRETIEN EXCLUSIF – Ferdinand Justin Boundjanga, candidat investi par l’UDB : “Mimongo doit entrer dans une nouvelle ère de gouvernance”
Mimongo, Gabonactu24 – Le bureau est baigné de lumière en ce début d’après-midi. Au mur, des cartes administratives de l’Ogoulou, quelques cadres photos et des documents soigneusement rangés. Assis derrière son bureau, Ferdinand Justin Boundjanga nous accueille avec la cordialité d’un homme qui connaît son interlocuteur, mais la posture ferme de celui qui est en campagne.
Nommé en 2023 secrétaire général du conseil départemental de l’Ogoulou durant la période de transition, Chevalier de l’Ordre du Mérite Gabonais, il a connu une ascension politique rapide, stoppée net par une incarcération pour diffamation. Aujourd’hui libre et politiquement renforcé, il vient d’être investi par l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel, pour conduire la liste aux élections municipales de Mimongo.
Homme de culture profondément enraciné dans les traditions, il est également membre des sociétés initiatiques Tsôli, Mwiri, Bwiti, Kônu, Ndèmbe et Nzéghu. Pendant plus d’une heure, il s’est confié à Gabonactu24.
“L’investiture par l’UDB est un acte de confiance mais aussi une exigence de résultats”
Gabonactu24 : Monsieur Boundjanga, vous venez d’être investi par l’UDB pour les élections municipales. Que représente cette décision pour vous ?
Ferdinand Justin Boundjanga :
C’est un moment à la fois fort et solennel. L’UDB, en tant que parti présidentiel, ne choisit pas ses candidats au hasard. Ce choix traduit une reconnaissance de mon parcours et de mon engagement constant. Mais au-delà de l’honneur, c’est aussi une exigence : celle de prouver que cette confiance est justifiée. Pour moi, cela signifie que je devrai non seulement gagner, mais aussi démontrer que la mairie de Mimongo peut devenir un modèle de gestion locale.
“Mon passage en prison m’a endurci politiquement”
Gabonactu24 : Vous avez été incarcéré pour diffamation après votre nomination durant la transition. Comment avez-vous vécu cette période ?
F.J.B. :
Avec lucidité. Je savais que mes prises de position dérangeaient et qu’elles pouvaient m’exposer. La prison est une épreuve, surtout quand on est un responsable public. Elle met à l’épreuve vos convictions, vos valeurs et votre endurance. Mais au lieu de m’abattre, cet épisode m’a permis de prendre du recul et d’affiner ma vision politique. J’en suis sorti plus déterminé, plus stratégique et surtout plus attentif à l’importance des alliances et des soutiens solides.
“Mimongo n’a pas besoin de discours, mais d’actions concrètes”
Gabonactu24 : Après une telle épreuve, pourquoi se lancer dans la course municipale ?
F.J.B. :
Parce que c’est ici que je suis né, le 29 avril 1972, et que ma vie entière est liée à cette terre. J’ai grandi à Mimongo, étudié à l’école catholique du village, poursuivi ma formation au lycée d’État de Lambaréné puis au collège Saint-Gabriel de Mouila. Chaque étape de mon parcours m’a appris que le développement ne vient pas par hasard, mais par des décisions bien pensées et exécutées.
Mon ambition est simple : traduire en actes concrets les besoins urgents des habitants. Trop souvent, la politique locale s’est limitée à des discours sans lendemain. Je veux rompre avec cette habitude.
“Mon parcours est fait de proximité et de constance”
Gabonactu24 : Quels atouts tirez-vous de votre carrière politique et associative pour diriger une commune ?
F.J.B. :
D’abord, ma proximité avec les habitants. Je ne suis pas un candidat parachuté : je suis un enfant de Mimongo. Ensuite, ma constance : j’ai été conseiller municipal pendant deux mandats, candidat aux législatives en 2011, chargé de mobilisation lors du référendum de 2024, et directeur de campagne du candidat Brice Clotaire Oligui Nguema à Mouila.
Sur le plan associatif, j’ai dirigé l’AJDO, co-présidé la coalition AJDO/CAJO, organisé le FESTACO et participé à la création de MIRANU. Ce double ancrage, institutionnel et populaire, me donne la capacité de dialoguer aussi bien avec les décideurs nationaux qu’avec les habitants du quartier.
“Quatre axes prioritaires pour transformer Mimongo”
Gabonactu24 : Quels sont les grands piliers de votre programme ?
F.J.B. :
Quatre priorités claires :
- Les infrastructures – Achever les chantiers existants et lancer de nouveaux projets, en particulier la route stratégique vers Eteke. Sans désenclavement, nous ne pourrons pas attirer d’investisseurs.
- L’économie locale Soutenir le petit commerce, encourager l’artisanat, développer des filières agricoles adaptées à notre territoire.
- La jeunesse – Créer des espaces culturels, sportifs et éducatifs pour canaliser les énergies et lutter contre le décrochage scolaire et la délinquance.
- La gouvernance municipale – Rendre la mairie plus transparente, plus accessible et plus performante dans le service aux citoyens.
“Être maire, c’est parfois se confronter à l’État”
Gabonactu24 : Vous avez mené par le passé des actions revendicatives fortes. Cela influencera-t-il votre manière de gouverner ?
F.J.B. :
Assurément. En 1998, j’ai conduit une grève pour réclamer un pont sur l’Eghumbi, l’ouverture d’une brigade à Eteke, un plateau sportif et une antenne TV. Certaines de ces revendications ont été satisfaites grâce à notre détermination. Cela prouve qu’avec une mobilisation forte et un leadership assumé, on peut obtenir des résultats. Être maire, ce n’est pas seulement appliquer des directives : c’est aussi défendre les intérêts de la commune, y compris face à l’État, lorsqu’il le faut.
“Mimongo doit entrer dans une nouvelle ère”
Gabonactu24 : Quel message souhaitez-vous adresser aux électeurs ?
F.J.B. :
Je leur dis que ce scrutin est une occasion historique. Avec l’appui de l’UDB, nous avons l’opportunité d’aligner la vision locale sur la dynamique nationale impulsée par le président de la République. Mais cette opportunité doit être concrétisée par une gestion rigoureuse, une proximité constante et une transparence totale.
Je suis prêt à mettre mon expérience, mon parcours, mes valeurs traditionnelles et mon enracinement culturel au service de cette transformation. Ensemble, nous pouvons faire entrer Mimongo dans une nouvelle ère de gouvernance et de développement.
