Interview exclusive – Claude Médard Pangou : « L’Ogoulou doit conjuguer héritage culturel, transparence et développement moderne »

Libreville, septembre 2025 – Ancien membre du Parti Démocratique Gabonais (PDG) et du bureau politique, Claude Médard Pangou (CMP) a surpris le monde politique gabonais lorsqu’il a annoncé sa démission du parti après le coup d’État du 30 août 2023. Aujourd’hui, il porte les couleurs du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM) d’Alexandre Barro Chambrier pour briguer un mandat aux élections municipales et législatives dans le département de l’Ogoulou.
Haut cadre de l’administration, Inspecteur central des Douanes et ingénieur spécialisé en métrologie, CMP revendique également un enracinement profond dans la tradition. Reçu dans les locaux de Gabonactu24, il s’est confié sur son parcours, son engagement politique et les axes de son projet pour l’Ogoulou.
Gabonactu24 : Monsieur Pangou, vous avez longtemps été une figure du PDG. Qu’est-ce qui a motivé votre départ après le 30 août 2023 ?
Claude Médard Pangou : J’ai effectivement milité de longues années au PDG, où j’ai eu l’honneur d’intégrer le bureau politique. Mais le coup d’État du 30 août 2023 a été un moment charnière. Il nous a forcés à regarder en face les dérives d’un système qui avait fini par s’éloigner des aspirations du peuple. J’ai estimé qu’il était temps de tourner la page. Ma démission n’était pas un geste de rupture personnelle, mais un choix de cohérence et de responsabilité. J’ai rejoint le RPM, parce que ce parti incarne aujourd’hui l’alternance, la modernité et la proximité avec les citoyens.
Gabonactu24 : En quittant le PDG, certains vous considèrent comme un repenti. Comment répondez-vous à ces critiques ?
C.M.P. : Je comprends ces critiques. Mais je pense que la politique, ce n’est pas une affaire de fidélité aveugle, c’est une affaire de conviction. On peut se tromper, mais il faut savoir rectifier. J’ai servi dans un système qui avait ses forces et ses limites. Je crois avoir contribué autant que possible au positif. Aujourd’hui, je choisis d’écrire une autre histoire. Ce n’est pas un reniement, mais une volonté d’être en phase avec mon peuple et avec l’évolution de notre pays.
Gabonactu24 : Votre carrière vous a amené au sommet de l’administration. Qu’est-ce qui vous ramène toujours à l’Ogoulou ?
C.M.P. : L’Ogoulou, c’est mes racines. Je suis né le 29 mai 1969 à Libreville, mais mon identité est profondément liée à ce département. Dès les années 1990, j’ai œuvré pour son développement : la création du CAJO (Collectif des Associations des Jeunes de l’Ogoulou) en 1992, l’organisation des États généraux de l’Ogoulou en 1998, et en 2000, la naissance du journal Mimongo Matin. Ces initiatives n’étaient pas de simples projets, mais des jalons pour donner à notre territoire une voix et une place dans le débat national.
Gabonactu24 : Vous insistez sur votre enracinement culturel. Quelle place la tradition occupe-t-elle dans votre projet politique ?
C.M.P. : La tradition est un socle. Je suis initié au Mwiri, au Bwiti, au Kono et au Nzègho. Ces initiations ne sont pas que des rituels : elles transmettent des valeurs de discipline, de solidarité et de responsabilité. Pour moi, gouverner, c’est aussi s’inspirer de cette sagesse. C’est pourquoi je propose la création du Festival des Arts et Cultures de l’Ogoulou (FESTACO). Ce festival sera un moment de rassemblement, de transmission et de fierté. Mais ce sera aussi un levier économique, avec des retombées sur le tourisme, l’artisanat et l’économie locale.
Gabonactu24 : Quels sont les axes concrets de votre programme pour l’Ogoulou ?
C.M.P. : Trois axes guident mon projet :
- La valorisation culturelle : avec le FESTACO, qui sera une vitrine identitaire et économique.
- Le développement économique : par la création d’un fonds financier mixte, associant collectivités et acteurs privés, pour stimuler la naissance de PME locales. Les jeunes, les femmes, les porteurs de projets doivent trouver dans ce fonds un appui concret.
- La transparence citoyenne : à travers un mécanisme de suivi citoyen de la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE) opérant dans l’Ogoulou. Trop souvent, les populations ne profitent pas des richesses générées sur leur territoire. Je veux inverser cette logique.
Gabonactu24 : Le chômage et le manque d’infrastructures restent des problèmes majeurs dans l’Ogoulou. Quelles réponses proposez-vous ?
C.M.P. : Vous touchez là des sujets centraux. L’Ogoulou souffre d’un déficit criant d’infrastructures routières, scolaires et sanitaires. Beaucoup de jeunes quittent la région faute d’opportunités. Mon programme prévoit d’appuyer la création de PME locales dans les travaux publics, l’agriculture, l’artisanat et les services. En parallèle, nous devons établir un partenariat plus exigeant avec l’État central pour que l’Ogoulou obtienne sa part d’investissements en infrastructures. La route Mimongo-Mbigou, par exemple, n’est plus un luxe, c’est une nécessité vitale.
Gabonactu24 : Pourquoi avoir choisi le RPM et non une candidature indépendante ?
C.M.P. : Parce qu’en politique, on ne réussit jamais seul. Le RPM est une force organisée, avec une vision claire : l’alternance et la modernité. Rejoindre le RPM, c’est s’inscrire dans un cadre collectif et crédible. C’est aussi une façon d’éviter la dispersion des voix. Je crois en la discipline et en l’efficacité. Avec le RPM, nous avons une plateforme pour transformer nos ambitions en réalités.
Gabonactu24 : Quel message adressez-vous aux électeurs de l’Ogoulou à l’approche du scrutin ?
C.M.P. : Je veux leur dire que ce projet n’est pas celui d’un seul homme, c’est le leur. L’Ogoulou a tout pour redevenir un moteur régional : sa jeunesse, sa culture, ses ressources. Je leur demande de me faire confiance pour conjuguer héritage et modernité. Le temps est venu de bâtir un avenir différent, basé sur la transparence, la responsabilité et l’innovation. Ensemble, nous pouvons faire de l’Ogoulou un exemple de gouvernance locale.
✍️ Propos recueillis par la rédaction de Gabonactu24.