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14ᵉ législature : l’UDB en force, le PDG en survie

Libreville, 15 octobre 2025 (Gabonactu24.com)
Le verdict des urnes est tombé.
L’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), le parti présidentiel, a transformé l’essai politique en raz-de-marée électoral.Avec 102 sièges sur 145, la jeune formation fondée à la faveur de la transition s’impose comme la colonne vertébrale du nouveau régime.
Mais derrière cette victoire nette, une question demeure : la stabilité promise par cette majorité vaut-elle au prix d’un pluralisme affaibli ?

Une chambre basse aux couleurs présidentielles

L’Assemblée nationale issue des législatives des 27 septembre et 11 octobre 2025 offre un paysage sans équivoque : la dominance de l’UDB y est totale.
Le parti présidentiel rafle la majorité absolue dès le second tour, porté par une campagne méthodique et une organisation territoriale redoutablement efficace.
À l’ombre de cette victoire, les autres forces politiques peinent à exister : le PDG conserve à peine 16 députés, et les formations d’opposition, morcelées, s’accrochent à des sièges symboliques.

La carte parlementaire du pays se lit désormais à travers une seule couleur dominante celle d’un parti qui incarne, à lui seul, la transition politique, la recomposition et la continuité du pouvoir.

De la rupture annoncée à l’hégémonie redoutée

La promesse de la Ve République était celle d’un rééquilibrage des institutions, d’une séparation plus nette entre les pouvoirs exécutif et législatif.
Or, à voir la nouvelle composition de l’hémicycle, le risque d’un déséquilibre institutionnel refait surface.
Une majorité aussi large, aussi homogène, peut renforcer la gouvernabilité du pays mais elle peut aussi étouffer la contradiction démocratique.
Sans un contrepoids solide, le Parlement pourrait vite devenir ce que redoutent les observateurs : une chambre d’enregistrement, plus qu’un espace de débat.

Le PDG, entre nostalgie et reconversion

Longtemps intouchable, le Parti Démocratique Gabonais (PDG) entre dans une ère inédite : celle de la survie politique.Relégué loin derrière, il tente de s’accrocher à ses bastions symboliques Franceville, Koulamoutou pour préserver une visibilité institutionnelle.
Mais le PDG paye aujourd’hui le prix de ses années d’usure du pouvoir et d’un discours resté figé dans le passé.Le parti de feu Omar Bongo Ondimba n’est plus le centre du système : il en est désormais une périphérie fragile, contrainte de se redéfinir dans un paysage qui ne lui appartient plus.

L’opposition dispersée, le pluralisme suspendu

Le RPM, l’Union Nationale (UN) et d’autres petites formations tentent d’occuper l’espace laissé vacant.
Mais sans coalition, sans vision commune, leurs quelques sièges ressemblent davantage à des balises symboliques qu’à une véritable force de contre-pouvoir.
Le pluralisme existe encore sur le papier ; sur le terrain, il demeure fragmenté, épisodique et sans colonne vertébrale politique.

Un mandat décisif pour la Ve République

Cette 14ᵉ législature, la première de la Ve République, incarne autant une promesse qu’un risque.
La promesse d’un pays apaisé, réorganisé, avec un exécutif stable et une majorité cohérente.
Mais aussi le risque d’un trop-plein de pouvoir, d’une majorité qui, forte de sa légitimité, confondrait unité et uniformité.

Pour les Gabonais, l’enjeu est clair : que cette législature ne soit pas seulement celle des chiffres, mais celle des actes, de la responsabilité et du débat démocratique.
Le vrai test de la Ve République ne se jouera pas dans les urnes il commence maintenant, à l’Assemblée nationale.

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