Nouvelle taxe d’habitation : pourquoi la mesure met le feu aux poudres au Gabon

La décision du gouvernement d’introduire une taxe forfaitaire d’habitation, prélevée dès 2026 sur les factures d’électricité, suscite une vague de contestation à travers le pays. Présentée comme un outil de relance économique et de soutenabilité budgétaire, cette mesure est perçue par beaucoup comme un prélèvement injuste, mal calibré et inopportun dans un contexte de forte pression sur le pouvoir d’achat.Alors que le gouvernement espère récolter près de 3 milliards FCFA par an, les critiques s’accumulent et plusieurs facteurs expliquent cette crispation nationale.
Une taxe appliquée à des ménages déjà fragilisés
Pour de nombreux Gabonais, le premier problème est simple :le coût de la vie a explosé, les salaires stagnent, les factures d’électricité sont déjà jugées excessives, et les fins de mois sont de plus en plus difficiles.
Ajouter un prélèvement sur la facture d’électricité un service essentiel est vécu comme une agression fiscale.Les populations s’interrogent :Faut-il taxer des foyers qui luttent déjà pour payer leur courant ?
Pourquoi demander un nouvel effort à des ménages qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins de base ?L’effet psychologique est fort : la taxe ne cible pas le luxe ni la spéculation immobilière, mais touche tous les ménages, qu’ils soient propriétaires ou simples locataires, modestes ou aisés.
Une taxe « forfaitaire » jugée profondément injuste
Le caractère forfaitaire du prélèvement est au cœur de la critique.Contrairement à la taxe foncière ou à la taxe sur le patrimoine, qui tiennent compte :de la valeur réelle du bien,de la superficie,du standing,de la localisation,la taxe d’habitation proposée applique un montant uniforme, sans distinction de revenus, de taille du logement ou de catégorie sociale.Cela crée une injustice flagrante :
Une famille vivant dans une petite maison de 60 m² à Owendo paiera le même montant qu’une villa de 400 m² à Akanda.Les foyers modestes seront proportionnellement bien plus touchés que les catégories aisées.Cette uniformité est l’un des motifs majeurs de rejet.
Le choix de la SEEG comme collecteur : une décision très controversée
La mesure prévoit de confier la collecte de la taxe à la SEEG, une entreprise déjà au centre de nombreuses critiques :problèmes récurrents de facturation,coupures fréquentes,soupçons de mauvaise gestion,manque de transparence.Confier une mission régalienne le prélèvement d’une taxe nationale à une société jugée peu fiable par une partie de la population est perçu comme un pari risqué, voire une erreur de gouvernance.
Pour beaucoup, l’État abdique une fonction essentielle au profit d’un opérateur dont la priorité n’est pas l’équité fiscale.
Une mesure annoncée au mauvais moment
Le timing soulève un autre problème.Le pays traverse :une période de forte inflation,une transition politique tendue,une crise de confiance envers les institutions,une réduction des marges budgétaires,une fatigue sociale visible.Introduire une nouvelle taxe dans un climat aussi sensible ressemble à une provocation.Les citoyens estimaient qu’une transition devait apporter un allègement des charges, non un alourdissement.Beaucoup y voient un signal inquiétant sur la direction économique prise par le pays.



