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Le Ministère de l’Intérieur Remplace les Structures Autonomes de Gestion Électorale

La récente adoption de la loi modifiant la gestion des élections au Gabon, qui transfère cette responsabilité du Centre gabonais des élections (CGE) au ministère de l’Intérieur, est une décision qui suscite de vives réactions. Cette révision législative, votée à une large majorité au Palais Léon-Mba, signe la fin de l’ère des structures autonomes de gestion électorale, inaugurée par la Commission nationale électorale (CNE) après les Accords de Paris de 1994.

Depuis près de trois décennies, le Gabon a tenté de confier l’organisation de ses élections à des organismes indépendants, avec des résultats mitigés. La CNE, la CENAP, et le CGE, chacune de ces entités a été confrontée à des accusations récurrentes de partialité et de manipulation électorale, souvent au profit des gouvernements en place. Cette nouvelle loi serait-elle alors un remède à ces maux ou un retour insidieux au contrôle politique direct ?

Le gouvernement justifie ce changement par la nécessité d’une plus grande transparence et d’une meilleure organisation. Mais peut-on vraiment croire qu’un ministère, historiquement perçu comme un instrument du pouvoir en place, puisse garantir l’équité et la neutralité nécessaires à des élections libres et démocratiques ? Le scepticisme est de mise, surtout dans un contexte où les processus électoraux passés ont laissé un goût amer de fraude et de violence.

Il est indéniable que les structures autonomes n’ont pas su instaurer la confiance des électeurs. Cependant, la solution réside-t-elle dans leur suppression pure et simple ? Pourquoi ne pas réformer ces institutions, améliorer leurs mécanismes de fonctionnement, renforcer leur indépendance, au lieu de les éliminer ? Le choix de tout remettre dans les mains du ministère de l’Intérieur semble, à bien des égards, un pari risqué et potentiellement destructeur pour la démocratie.

Le ministère de l’Intérieur a maintenant la lourde tâche de prouver qu’il peut être au-dessus de tout soupçon, qu’il peut organiser des élections transparentes, libres et justes. Mais le passif est lourd, et les doutes légitimes. La méfiance des électeurs est profonde, et les promesses de transparence ne suffiront pas à les convaincre.

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