Fonction publique gabonaise : 9 000 agents placés sous bon de caisse
Afin de restaurer l’ordre au sein de l’administration, le gouvernement gabonais a engagé une vaste campagne de recensement des agents publics. Cette mesure, qui vise à identifier les “agents fantômes” ces fonctionnaires perçus comme absents mais continuant de recevoir un salaire a conduit à la mise sous bon de caisse de 9 000 agents pour le mois d’octobre 2024. Un chiffre significatif qui met en évidence les dysfonctionnements au sein de la Fonction publique et qui suscite des critiques pour ses méthodes.
Ces 9 000 agents, qui n’ont pas participé au recensement effectué de décembre 2023 à juin 2024, doivent désormais prouver leur statut pour recevoir leur rémunération. Cependant, pour de nombreux fonctionnaires, particulièrement ceux travaillant dans des zones éloignées, cette démarche se révèle difficile. Beaucoup dénoncent un processus confus, avec peu de communication de la part de l’administration, ce qui semble pénaliser davantage les agents honnêtes que les véritables fraudeurs.
Cette campagne, supervisée par une Task-Force spécialisée en gestion de la dette et soutenue par la Direction générale du Budget, a permis de découvrir des anomalies importantes. Selon les autorités, 13 000 agents sont soupçonnés d’avoir déserté leur poste tout en continuant de percevoir leur salaire mensuel. Une découverte qui soulève de sérieuses interrogations : comment une telle situation a-t-elle pu durer si longtemps sans intervention ?
En justifiant cette opération, le gouvernement met en avant les bénéfices financiers escomptés, estimés à 8 milliards de francs CFA. Ce montant, qui pourrait être économisé grâce à une meilleure gestion des effectifs, est présenté comme une manne pour l’État. Mais derrière cet argument économique, se cache un malaise croissant parmi les fonctionnaires concernés, notamment ceux des provinces, qui se sentent pénalisés par une procédure jugée expéditive et peu équitable.
Le lieutenant-colonel Loïc Ossiba, responsable de la gestion des bons de caisse, a promis que les agents des provinces recevront leur paiement sans avoir besoin de se rendre à Libreville. Une assurance qui, néanmoins, arrive tardivement et après que de nombreuses critiques ont émergé, soulignant le manque de préparation de cette campagne.
La mise sous bon de caisse de 9 000 fonctionnaires va bien au-delà de la simple question de la présence des agents. Elle pointe également les failles du système administratif gabonais et le manque de rigueur dans la supervision des effectifs. En exigeant des preuves de présence, parfois difficiles à obtenir pour ceux situés dans des zones reculées, le gouvernement semble instaurer une présomption de culpabilité généralisée, perçue comme injuste par de nombreux agents.