Référendum au Gabon : Dynamique Unitaire Sonne l’Alarme et Appelle à un Vote Massif contre le Projet de Constitution

Le Gabon s’apprête à vivre un tournant décisif de son histoire institutionnelle avec le référendum du 16 novembre 2024. Ce scrutin, organisé pour soumettre un projet de nouvelle Constitution à l’approbation populaire, suscite des réactions vives et des débats intenses. C’est dans ce contexte que Dynamique Unitaire (DU), l’une des principales confédérations syndicales du pays, a pris position en appelant les citoyens à rejeter ce projet de Constitution lors d’une conférence de presse tenue le 3 novembre 2024.

Devant un parterre de journalistes, d’officiels et d’invités, Roger Ondo Abessolo, président par intérim de DU, a exposé les raisons profondes de ce rejet. Selon lui, le projet de Constitution, loin d’assurer une meilleure gouvernance, renforcerait plutôt la concentration du pouvoir entre les mains du Président de la République, établissant ainsi un régime autoritaire.

« Le Président de la République se voit conférer le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale sans possibilité de réciprocité, ce qui compromet l’équilibre des pouvoirs », a souligné Ondo Abessolo. Cette disposition, combinée au rôle prédominant du chef de l’État dans le Conseil supérieur de la Magistrature, présage selon DU un retour à des pratiques qui ont marqué l’ère d’Ali Bongo Ondimba, caractérisée par une justice inféodée et des violations des droits humains.

Dynamique Unitaire a dénoncé l’absence de réelles garanties démocratiques dans le texte proposé. Le projet de Constitution instaure, d’après le syndicat, un régime présidentiel qui affaiblit le Parlement et le pouvoir judiciaire, les réduisant à de simples instruments subordonnés à l’exécutif.

Ce projet, s’il est adopté, enterrera la séparation des pouvoirs et érigera un ‘super-Président’ au-dessus des lois », a déploré Ondo Abessolo. Les critiques ont également porté sur l’article 81, qui limite la responsabilité gouvernementale devant le Parlement, la restreignant au seul Vice-Président et aux membres du Gouvernement, tandis que le chef de l’État reste intouchable.

Un point particulièrement préoccupant pour Dynamique Unitaire est l’article 170, qui prévoit une loi d’amnistie pour les acteurs des événements allant du 29 août 2023 à l’investiture du Président de la Transition. Cette clause, selon le syndicat, ouvre la porte à une impunité potentielle pour des crimes commis sous le précédent régime.

En ce qui concerne la gestion des ressources naturelles, DU a salué le retrait de l’article 42, qui consacrait l’État comme seul propriétaire des ressources du sol et du sous-sol. Cependant, le syndicat estime que le projet aurait dû aller plus loin en garantissant l’exclusivité de la gestion des ressources aux communautés locales, une mesure qui aurait permis de renforcer la souveraineté des populations sur leur environnement.

Malgré ces critiques, Dynamique Unitaire a reconnu quelques avancées, telles que la limitation du nombre de mandats présidentiels et la reconnaissance accrue de la société civile. Néanmoins, ces points positifs n’ont pas suffi à changer l’avis du syndicat, qui considère que l’essentiel à savoir l’équilibre et l’indépendance des pouvoirs est absent de ce projet de Constitution.

Face à ces constats, Dynamique Unitaire appelle les citoyens inscrits sur les listes électorales à voter NON lors du référendum. Selon Roger Ondo Abessolo, ce rejet est la seule manière de pousser la Transition à revoir sa copie et à proposer un texte qui garantisse réellement la démocratie et les droits des Gabonais. « Un vote pour le NON est un acte de sauvegarde pour notre nation, pour empêcher que le pouvoir ne devienne l’apanage d’un seul homme », a-t-il conclu.

Le message est clair : Dynamique Unitaire souhaite mobiliser la société civile, les organisations et tous les partisans de la démocratie pour barrer la route à un projet de Constitution perçu comme une menace pour les fondements de l’État de droit.