Libreville, le 22 novembre 2024 – Ce qui n’était qu’une rumeur persistante s’est transformé en une réalité fracassante : Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, a officiellement quitté le Parti démocratique gabonais (PDG). Plus qu’une simple démission, ce départ marque un tournant dans la recomposition politique du Gabon, un an après le coup d’État militaire du 30 août 2023 qui a mis fin à plus de cinquante ans de règne du PDG.
L’annonce de cette démission, confirmée par plusieurs sources proches de l’ex-Premier ministre, a été rendue publique après des semaines de spéculations. Selon des informations recueillies par Jeune Afrique, Bilie-By-Nze a dû recourir à un huissier pour notifier officiellement son départ, le secrétariat exécutif du PDG ayant refusé d’accuser réception de sa lettre. « Ce refus, clairement politique, visait à bloquer toute ambition électorale de sa part, notamment en vue de la présidentielle de 2025 », confie un observateur proche du dossier.
Ancien deuxième vice-président du PDG, Bilie-By-Nze avait déjà pris ses distances en avril dernier, dénonçant publiquement des désaccords profonds avec la ligne du parti. Ce geste, à l’époque perçu comme un signal d’alarme, s’inscrit aujourd’hui dans une dynamique plus large : celle d’un repositionnement stratégique dans une scène politique en pleine reconfiguration.
Avec ce départ, Bilie-By-Nze ne quitte pas seulement un parti, il tourne une page pour en ouvrir une autre. En septembre dernier, il a cofondé Ensemble pour le Gabon, une plateforme politique réunissant d’autres figures de premier plan, telles que le colonel Théophile Makita Niembo et Stéphane Germain Iloko Boussengui. Présentée comme une alternative crédible, cette coalition se veut la voix des libertés publiques, des droits fondamentaux et de la démocratie.
Cependant, l’avenir de cette coalition reste encore à définir, notamment en ce qui concerne certains de ses membres clés. Des rumeurs insistantes évoquent également une éventuelle démission du docteur Stéphane Germain Iloko Boussengui du PDG, ce qui viendrait renforcer la dynamique d’affranchissement de ces leaders politiques de l’ancien régime. « Ce serait un signal fort, montrant que la rupture avec le passé est totale », analyse un expert politique.
Cette démission porte un coup sévère au PDG, qui peine à se remettre du traumatisme de son éviction du pouvoir. Symbole de l’ancien régime, le parti tente aujourd’hui de se repositionner, mais l’hémorragie de cadres de premier plan complique sa renaissance. « Le départ de Bilie-By-Nze est une perte immense. Il était l’un des derniers piliers capables de défendre le bilan du PDG tout en appelant au renouveau », estime un analyste politique basé à Libreville.
En interne, certains cadres du PDG soupçonnent Bilie-By-Nze de préparer une candidature à la présidentielle de 2025. Une hypothèse qui, si elle se concrétise, pourrait redéfinir l’échiquier politique national.
