SOCIETE

Gabon – Orphelins du Sida : une génération sacrifiée dans l’indifférence

À l’heure où le monde célèbre la résilience face au VIH/Sida, une réalité glaçante demeure : celle de milliers d’enfants orphelins, dont la vie bascule dans le silence après la disparition d’un ou des deux parents emportés par la maladie. Ces orphelins, figures invisibles d’un drame humanitaire à faible retentissement médiatique, sont les grandes victimes collatérales d’une pandémie encore active et stigmatisante.

Selon l’ONUSIDA, plus de 17,5 millions d’enfants à travers le monde ont perdu au moins un parent à cause du Sida. En Afrique subsaharienne, ils représentent près de 95 % des cas recensés. Au Gabon, faute de données précises, cette réalité demeure floue, mais incontestable. Le silence des chiffres ne saurait masquer l’ampleur du désarroi.

Abandon institutionnel et absence de politiques ciblées

L’architecture de protection de l’enfance au Gabon, bien qu’existante, reste largement inadaptée aux défis spécifiques que pose la prise en charge des orphelins du Sida. Ces enfants cumulent les vulnérabilités : détresse psychologique, précarité économique, déscolarisation, exposition aux abus. La plupart d’entre eux sont accueillis chez des proches, souvent eux-mêmes en difficulté, dans un contexte d’absence de soutien étatique structuré.

Aucune politique publique nationale ne traite spécifiquement de cette catégorie d’enfants. Or, le besoin est criant : accompagnement psychosocial, accès gratuit et prioritaire à l’éducation, encadrement juridique des droits successoraux, inclusion dans les dispositifs d’aide sociale.

Vers une mobilisation intersectorielle ?

L’instauration d’une Journée nationale dédiée aux orphelins du Sida serait un signal fort. Mais au-delà du symbole, c’est d’une mobilisation concrète et durable dont il s’agit. Gouvernement, société civile, confessions religieuses, organisations internationales : l’urgence impose une synergie d’actions. Le temps des déclarations doit laisser place à celui des engagements structurants.

Le Gabon ne peut plus se permettre d’ignorer cette génération silencieusement sacrifiée. L’indifférence n’est pas une option. L’avenir de ces enfants est une responsabilité collective.

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