Coupures d’électricité : l’État accuse un sabotage… mais le peuple y voit un écran de fumée

Par la rédaction de Gabonactu24
Libreville, 2 juin 2025
Une série de coupures électriques d’une ampleur exceptionnelle secoue la capitale gabonaise et plusieurs villes de l’intérieur du pays. Les nuits du 28 au 29 mai puis du 30 au 31, Libreville, Owendo, Ntoum, Akanda et bien d’autres localités se sont retrouvées sans électricité, sans eau, sans réponses. Le gouvernement crie au sabotage. Mais sur les réseaux sociaux, dans la rue, la colère populaire monte : et si cette affaire de sabotage n’était qu’une stratégie de diversion pour masquer une faillite plus profonde ?
Sabotage ou récit commode ?
Lors d’une allocution officielle, le ministre de l’Accès universel à l’eau et à l’énergie, Philippe Tonangoye, a évoqué des « actes malveillants » et dénoncé un complot contre les installations de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Il a annoncé l’ouverture d’une nouvelle enquête.
Mais pour beaucoup, cette sortie sonne faux. Depuis deux ans, à chaque panne majeure, les autorités évoquent un sabotage. Et jamais, aucune preuve n’a été rendue publique. Aucune arrestation. Aucun procès. Aucun coupable. Rien.
“SABOTAGE OU PAS, ON EN A STRICTEMENT RIEN À FOU.TRE !”, s’indigne un habitant de Nzeng-Ayong. “Vous nous servez cette salade depuis deux ans. L’électricité et l’eau, ailleurs c’est un droit. Ici c’est un luxe hors de prix !”
Une mise en scène politique ?
Les coupures surviennent quelques jours seulement après la fin de l’administration provisoire de la SEEG, décidée par le président Oligui Nguema dans le cadre de la refondation de la gouvernance publique. Certains y voient une manœuvre politique : faire capoter une réforme en cours, discréditer un administrateur sortant, saboter une transition stratégique.
Mais ces hypothèses restent à ce jour non vérifiées, et ne doivent pas éclipser la racine du problème : un réseau électrique obsolète, des infrastructures vieillissantes, un entretien structurellement négligé depuis des décennies.
Le “sabotage” n’est peut-être pas un acte, mais une lente démission de l’État.
Une population à bout de nerf
Les conséquences sur la vie quotidienne sont désastreuses
Pendant que les techniciens de la SEEG évoquent l’explosion d’un poste ou une panne sur une ligne haute tension de 90 kV, les Gabonais, eux, évoquent la rupture du contrat social.
La Cinquième République en panne de crédibilité ?
Inaugurée sous le signe de la rupture et de la responsabilité, la Cinquième République promise par le président Brice Clotaire Oligui Nguema peine à convaincre sur ce premier grand dossier. L’absence de communication claire, la non-publication des enquêtes précédentes, et l’opacité dans la gestion du secteur de l’énergie remettent en question la sincérité de la refondation annoncée.
La question centrale n’est plus “qui sabote ?”, mais “qui échoue à gouverner ?”
quand l’obscurité révèle plus que la lumière
Les coupures d’électricité sont devenues le révélateur d’une crise d’État. Le sabotage, s’il existe, ne peut être une excuse. Et s’il n’existe pas, alors le vrai sabotage, c’est celui du discours politique, qui refuse de regarder la réalité en face.
Les Gabonais ne veulent plus de discours. Ils veulent de la lumière. Au sens propre comme au figuré.