Évasion à Koulamoutou : le directeur de prison démis de ses fonctions après une grave défaillance sécuritaire

Suite à l’évasion de quinze détenus de la prison centrale de Koulamoutou le 25 mars dernier, le Commandement en chef de la Sécurité pénitentiaire a procédé à la révocation du directeur de l’établissement, le lieutenant-colonel Damas Moukanimambou. Une décision qui intervient dans un contexte marqué par de nombreuses interrogations sur la gestion interne de cette maison d’arrêt et plus largement, sur l’état du système pénitentiaire gabonais.
En poste depuis environ cinq ans, le directeur a été relevé de ses fonctions pour “manquement grave au devoir”, selon les termes du communiqué officiel. Le jour des faits, un seul surveillant était présent dans un établissement comptant 118 détenus, dont certains poursuivis ou condamnés pour des infractions lourdes allant du vol qualifié à l’assassinat.
Ce déséquilibre dans les effectifs a permis aux prisonniers de profiter d’une opération de remplissage d’eau pour s’enfuir, certains en empruntant la voie fluviale.Cinq fugitifs ont été rattrapés à ce jour, tandis que dix autres sont toujours recherchés. Des vidéos de l’évasion, devenues virales sur les réseaux sociaux, ont révélé l’ampleur de la désorganisation.
Selon des sources internes, l’établissement fait face à un déficit structurel de personnel : seulement 23 matons pour 118 détenus, soit un ratio bien en deçà des normes internationales, qui recommandent trois surveillants pour un détenu.
Si la décision de limoger le directeur s’inscrit dans une logique de responsabilité hiérarchique, elle soulève également la question d’un éventuel dysfonctionnement plus profond au sein de l’administration pénitentiaire.
Plusieurs observateurs estiment que les causes de cette évasion vont au-delà d’un simple manquement individuel : infrastructures vétustes, pénuries récurrentes d’eau, absence de barrières de sécurité, surcharge de travail pour le personnel.
Une mission de l’Inspection générale des services de la Sécurité pénitentiaire est attendue sur place pour évaluer les conditions de détention et proposer des mesures correctives.
Reste à savoir si cette initiative ponctuelle suffira à rétablir durablement la sécurité dans les établissements pénitentiaires du pays, ou si elle devra s’inscrire dans une réforme structurelle plus ambitieuse.