Introduction en Bourse de BGFI : entre prudence réglementaire et ambition assumée

Libreville, 28 juillet 2025
À quelques jours de son entrée attendue sur la Bourse des Valeurs Mobilières de l’Afrique Centrale (BVMAC), le groupe BGFI Holding Corporation (BHC) a choisi de suspendre temporairement son opération d’introduction en bourse. Une décision conjointe avec la Commission de Surveillance du Marché Financier de l’Afrique Centrale (COSUMAF), qui ne signe pas un renoncement, mais une démonstration de rigueur dans un processus emblématique pour la finance régionale.
Une suspension, pas une capitulation
L’annonce a été rendue publique par le Conseil d’administration de BGFI Holding Corporation. Selon le communiqué officiel, cette suspension est motivée par le traitement en cours de plusieurs requêtes introduites par un groupe d’actionnaires devant le Tribunal de Commerce de Libreville. Une démarche qui témoigne d’une volonté de respecter scrupuleusement l’ensemble des procédures légales et réglementaires encadrant cette opération stratégique.
« Il est dans l’intérêt du marché et des investisseurs que toutes les zones d’ombre soient levées avant toute opération majeure », a expliqué un membre de la COSUMAF, sous couvert d’anonymat.
BGFIBank reste droit dans ses bottes
Le groupe BGFIBank, maison-mère de BHC, n’entend pas fléchir. L’institution réaffirme sa volonté de mener à terme son processus d’ouverture du capital, qui s’inscrit dans le cadre de son ambitieux plan stratégique Dynamique 2025.
« Nos fondamentaux sont solides. Au 30 juin 2025, les indicateurs de performance du groupe restent alignés avec nos objectifs de croissance et de solidité financière », indique la direction générale dans un message destiné aux marchés.
Le message est clair : pas de précipitation, mais encore moins d’abandon.
Un signal fort pour la finance régionale
Prévue initialement pour fin juillet, cette introduction en bourse devait constituer une première dans la région pour une institution de cette envergure. Avec des actifs répartis dans plus de 10 pays, et une réputation forgée sur plusieurs décennies, le groupe BGFIBank était perçu comme le catalyseur d’une nouvelle dynamique au sein de la BVMAC, souvent critiquée pour son faible niveau d’activités.
« C’est une opération à fort impact symbolique. Elle place les projecteurs sur l’Afrique centrale, souvent éclipsée par l’Afrique de l’Ouest dans le domaine boursier », analyse Nelly Moukagni, économiste spécialisée en marchés financiers africains.
Un test de gouvernance grandeur nature
Au-delà des aspects techniques et financiers, cette suspension soulève des enjeux de gouvernance cruciaux. En choisissant la voie de la transparence et de la régulation, le groupe BGFIBank envoie un signal fort à ses partenaires, actionnaires et futurs investisseurs.
Ce choix stratégique s’inscrit dans les tendances contemporaines des marchés émergents, où la conformité aux standards internationaux devient un levier essentiel d’attractivité. Dans un continent où la confiance des investisseurs repose encore largement sur la gouvernance des émetteurs, ce geste prudent pourrait s’avérer payant à long terme.
Et maintenant ?
La direction du groupe a promis de communiquer un nouveau calendrier dans les meilleurs délais. L’introduction en bourse est donc reportée, mais non enterrée. Dans les milieux financiers, cette démarche suscite davantage de respect que de scepticisme.
« Il faut parfois savoir attendre pour mieux frapper. Ce report, loin de nuire à l’image de BGFI, renforce sa stature en tant qu’acteur responsable et moderne », commente un analyste financier basé à Douala.