Décès de Mathieu Mboumba Nziengui : l’ultime silence d’un pilier discret de l’opposition gabonaise

Mathieu Mboumba Nziengui, ancien ministre d’État et président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), est décédé ce lundi 4 août 2025 à son domicile de Bikélé, au sud de Libreville, des suites d’un arrêt cardiaque. Il était âgé de 70 ans.
Selon une source familiale, l’ancien enseignant en psychologie du travail à l’Université Omar Bongo, retiré de la vie publique ces derniers mois, était apparu en bonne santé dans l’après-midi. Le malaise fatal serait survenu de manière brutale, en présence de ses proches. Les secours n’ont pu ranimer celui qui fut, pendant plus d’une décennie, l’un des visages persistants bien qu’en retrait de l’opposition gabonaise.
Un héritage politique difficile
Natif de la province de la Ngounié, Mathieu Mboumba Nziengui s’était imposé comme une figure importante de l’UPG après la disparition en 2011 de son fondateur emblématique, Pierre Mamboundou. Sa désignation à la tête du parti, conforme aux statuts internes, s’était néanmoins accompagnée de profondes contestations. Plusieurs cadres historiques avaient alors exprimé leur désaccord, donnant lieu à des divisions durables et à la fragmentation de l’UPG en diverses tendances rivales.
En dépit des tentatives de médiation et des appels à l’unité, le parti n’a jamais retrouvé sa cohésion ni sa capacité de mobilisation nationale. Les élections successives ont acté une lente érosion de son influence, reléguant l’UPG à une position marginale dans le paysage politique gabonais, autrefois marqué par la force d’une opposition structurée.
Une conception rigoureuse de l’engagement public
Mathieu Mboumba Nziengui aura incarné une certaine conception de l’action politique : rigoureuse, mesurée, souvent en retrait des grandes tribunes. Peu enclin aux compromis tactiques, il a privilégié tout au long de son parcours un positionnement fondé sur la fidélité aux idéaux du parti, notamment en matière de souveraineté, de justice sociale et de dialogue institutionnel. Ce choix, s’il a renforcé son intégrité personnelle, a parfois contribué à son isolement, notamment face à la montée d’une nouvelle génération d’opposants plus médiatiques et rompus aux alliances politiques de circonstance.
Au sein du gouvernement, où il avait brièvement servi en tant que ministre d’État chargé de l’Agriculture, il avait défendu une approche technique des politiques publiques, marquée par un souci d’efficacité et d’éthique, bien qu’à l’écart des grands arbitrages politiques.
Un parti orphelin, un avenir incertain
Avec sa disparition, l’UPG se retrouve à nouveau à un carrefour. Miné par les querelles de leadership et le déficit de représentativité, le parti devra trancher entre le repli sur ses divisions internes ou l’opportunité d’une refondation stratégique. La question de la succession de Mboumba Nziengui, jamais véritablement réglée de son vivant, risque de rouvrir les lignes de fracture historiques, à moins qu’un consensus inédit n’émerge pour réorienter le parti vers un projet politique adapté aux défis contemporains du Gabon.
Le décès de Mathieu Mboumba Nziengui referme ainsi un chapitre important de l’histoire de l’opposition pluraliste au Gabon. Un chapitre fait de combats pour la démocratisation, de luttes internes non résolues, mais aussi d’engagement personnel constant et silencieux.