Élections 2025 : quand PDG et UDB se disputent la « paternité » d’Oligui Nguema

À quelques jours du double scrutin législatif et local des 27 septembre et 11 octobre 2025, le débat politique gabonais semble se résumer à une bataille de légitimité autour du chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema. Les interventions publiques récentes d’Angélique Ngoma, secrétaire générale du Parti démocratique gabonais (PDG), et de Mays Mouissi, secrétaire général de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), en témoignent. Chacun revendique, avec des accents d’exclusivité, la proximité politique avec le président, transformant l’élection en un concours d’allégeance plutôt qu’en une confrontation programmatique.
Une rhétorique de plébiscite permanent
Pour Angélique Ngoma, la ligne est claire : « nous sommes tous les candidats du président Oligui Nguema ». Derrière cette formule, le PDG cherche à capitaliser sur le score présidentiel de 94,85 % obtenu lors de la dernière présidentielle, ainsi que sur le « oui » massif aux référendums. En d’autres termes, il s’agit de présenter les législatives et locales non pas comme un véritable scrutin concurrentiel, mais comme la suite logique d’un plébiscite déjà acquis. Cette stratégie de continuité interroge : quelle place reste-t-il pour un débat démocratique lorsque l’issue est déjà présentée comme une évidence ?
L’UDB, entre légitimité revendiquée et exclusivité contestée
De son côté, Mays Mouissi oppose un discours tout aussi catégorique : « le président n’a fondé qu’un seul parti », en référence à l’UDB. En dénonçant les « fausses appartenances » et en appelant à voter contre quiconque prétendrait le contraire, le secrétaire général réduit la compétition à un acte de fidélité exclusive. Une telle posture, loin de clarifier le jeu politique, entretient une confusion qui fragilise le pluralisme : si tous se réclament du même président, où s’arrête la diversité partisane ?
Une personnalisation excessive du pouvoir
Ce duel d’ego et de légitimité révèle un phénomène préoccupant : la personnalisation à outrance du pouvoir. Au lieu de confronter leurs visions de société, leurs propositions pour les collectivités locales ou leurs stratégies économiques, les deux principaux acteurs du jeu politique réduisent le débat à une compétition d’allégeance.
La démocratie devient alors secondaire, noyée dans une logique quasi monarchique où les partis politiques ne sont plus des organisations autonomes mais des satellites en orbite autour d’un seul homme.
Un président transformé en totem électoral
Le paradoxe est flagrant : celui qui devrait être arbitre suprême du jeu politique se retrouve instrumentalisé comme totem électoral. Son nom, son image et son parcours deviennent une monnaie d’échange entre formations en quête de légitimité.
Cette situation interroge : si le président est proclamé « père fondateur » à la fois par le PDG et par l’UDB, qu’advient-il du pluralisme politique ? À quoi bon organiser des élections si les principaux protagonistes affirment que, quelle que soit l’issue, la victoire appartiendra déjà au président ?