Entre suspense et stratégie, le parti historique du Gabon fait durer l’attente
Le Parti démocratique gabonais (PDG) semble avoir adopté une posture intrigante à l’approche de l’élection présidentielle du 12 avril 2025. Là où on attendait une déclaration fracassante ou un candidat officiel, c’est finalement le silence et la patience qui dictent sa ligne de conduite. Une stratégie calculée ou un aveu d’impuissance ?
Une attente pesée au millimètre
Depuis l’avènement du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) en août 2023, le PDG s’est engagé dans une vaste remise en question. Loin de l’image d’un parti autrefois omnipotent et incontournable dans l’arène politique, il cherche désormais à se réinventer. Son 13ᵉ congrès extraordinaire du 30 janvier 2025 a marqué un tournant, avec l’abandon d’une direction collégiale au profit d’une présidence unique.
Pourtant, alors que la campagne approche à grands pas, aucun candidat officiel ne se dégage dans ses rangs. Un choix délibéré, selon Angélique Ngoma, secrétaire générale du PDG, qui justifie cette posture en ces termes :
« En suivant l’évolution démocratique de notre pays, en tenant compte du statut d’indépendant affiché par la plupart des candidats jusque-là autorisés à concourir, et en l’absence d’un candidat investi par le parti, la tenue d’un congrès extraordinaire d’investiture apparaît sans objet et hors de propos. »
Un aveu qui en dit long sur la complexité du contexte politique actuel.
Prudence politique ou tactique d’alignement ?
Le PDG joue la prudence, scrute les évolutions du terrain et jauge les forces en présence. Son objectif ? S’assurer de faire le bon choix et éviter toute précipitation. Cette attitude s’explique notamment par l’immense popularité du CTRI et de son président, Brice Clotaire Oligui Nguema, qui continuent de bénéficier d’un large soutien populaire.
Loin d’être passif, le PDG se positionne en spectateur attentif et actif. Il n’exclut pas d’apporter son soutien à un candidat, mais seulement sous certaines conditions. Comme le souligne Angélique Ngoma :
« Appréciant l’expression de la volonté populaire, fortement marquée par les actions entreprises par le CTRI au bénéfice des populations, et reconnaissant l’enthousiasme manifesté dans ce sens par le plus grand nombre, notre parti, acquis au progrès social, reste attentif à l’opinion majoritaire à laquelle se rattachent ses militantes et militants. »
Une déclaration qui laisse entrevoir une possible réconciliation avec les nouvelles dynamiques du pays, quitte à s’aligner sur une candidature extérieure si celle-ci épouse les aspirations du peuple gabonais.
Un parti toujours influent malgré l’incertitude
Si le flou autour du choix du PDG intrigue et suscite des interrogations, une chose est sûre : le parti n’entend pas rester en marge du processus électoral. Il enjoint ses militants à se tenir prêts, maintenant une pression constante sur l’échiquier politique.
Avec une habileté politique indéniable, le PDG se donne du temps et impose une attente stratégique qui pourrait se révéler payante. Car dans cette présidentielle où les cartes sont rebattues, celui qui tarde à montrer ses intentions pourrait bien être celui qui dictera la fin de la partie.
