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Gabon : la déclaration du ministre François Ndong Obiang relance le débat sur l’incompatibilité entre fonctions ministérielles et mandats parlementaires

Libreville, 4 novembre 2025 (Gabonactu24.com)
La conférence de presse tenue le lundi 3 novembre par François Ndong Obiang, ministre de la Réforme et des Relations avec les Institutions, a suscité de nombreuses réactions au sein de la classe politique et des milieux juridiques. En annonçant que les ministres élus députés “devront démissionner avant la mise en place du Parlement”, le membre du gouvernement a ouvert un débat sur la lecture et l’application du principe d’incompatibilité entre fonctions ministérielles et mandats parlementaires.

Si l’intention affichée était de rappeler le respect des textes, la formulation employée a cependant soulevé un malentendu institutionnel, donnant lieu à des interprétations contradictoires.


Une précision nécessaire sur le cadre juridique

Au Gabon, comme dans la majorité des régimes parlementaires, chaque député est élu avec un suppléant. Ce dispositif vise à garantir la continuité de la représentation nationale et à éviter toute vacance du siège en cas d’empêchement du titulaire.

Ainsi, lorsqu’un député est nommé ministre, il ne démissionne pas de son mandat : il en suspend simplement l’exercice pendant la durée de ses fonctions au sein du gouvernement.
Son suppléant est alors appelé à siéger à l’Assemblée nationale jusqu’à la fin de la période ministérielle.

Ce mécanisme, inscrit dans la logique de la séparation des pouvoirs, n’implique donc aucune démission formelle du député élu. Il s’agit d’une substitution automatique et provisoire, destinée à préserver l’équilibre institutionnel entre l’exécutif et le législatif.


Une communication qui prête à confusion

En parlant de “démission”, le ministre François Ndong Obiang a, sans doute involontairement, introduit une confusion terminologique.
Sur le plan juridique, l’expression renvoie à un renoncement définitif au mandat parlementaire, ce qui n’est pas prévu par la Constitution gabonaise.
Sur le plan politique, elle laisse entendre que l’exécutif dispose d’un pouvoir d’appréciation sur la situation des élus, alors que la procédure de remplacement relève d’une application automatique du droit électoral.

Cette nuance, bien que technique, est essentielle.
Car elle conditionne la perception de la neutralité du gouvernement dans la conduite de la fin de transition.
À ce stade, la rigueur juridique et la clarté institutionnelle devraient primer sur la communication politique.


L’enjeu d’une sortie de transition crédible

La transition gabonaise, engagée depuis 2023, s’achemine vers son terme prévu le 30 décembre 2025.
Dans ce contexte, chaque déclaration officielle prend une portée particulière.
Les institutions qui verront le jour à l’issue de ce processus devront incarner un retour effectif à l’État de droit, et non une reproduction des ambiguïtés du passé.

En ce sens, il est indispensable que le discours gouvernemental reste précis et conforme à la lettre des textes.
Les citoyens comme les partenaires internationaux jugeront la qualité de cette transition à la capacité du gouvernement à faire primer le droit sur l’interprétation politique.


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