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Le Vice-Président du Gouvernement : Nouvelle Pièce Maîtresse du Pouvoir Exécutif au Gabon

Alors que le Gabon se prépare à une refonte constitutionnelle majeure, l’annonce de la disparition du poste de Premier ministre fait déjà couler beaucoup d’encre. À l’issue des élections présidentielles de l’an prochain, auxquelles le général Brice Oligui Nguema pourra se présenter, le pouvoir exécutif sera entre les mains d’une seule tête. Cette concentration de l’autorité marque une rupture avec l’organisation actuelle, et introduit la fonction de vice-président du gouvernement, une nouveauté dont le rôle reste encore flou pour beaucoup.

La ministre de la Communication et des Médias, Laurence Ndong, porte-parole du gouvernement, a éclairé certains points lors d’une récente interview sur RFI. Selon elle, la création de ce poste s’inscrit dans la volonté de rendre l’exécutif plus réactif et fonctionnel. « Le vice-président du gouvernement aura certainement des dispositions qui lui permettront de répondre pour le compte du gouvernement devant le Parlement », a-t-elle précisé.

Mais ce nouveau titre n’a pas encore révélé tous ses mystères. Au-delà de son rôle de représentant devant les législateurs, les Gabonais s’interrogent sur l’étendue de ses attributions réelles. Sera-t-il un simple exécutant, délégué à des fonctions protocolaires, ou disposera-t-il d’un véritable pouvoir décisionnel ? Le passage à un pouvoir « monocéphale » sans Premier ministre recentre clairement les décisions autour du président de la République, mais quelles seront les marges de manœuvre de ce vice-président ?

Rééquilibrage des institutions ou hyperprésidentialisme ?

Derrière ces évolutions se dessine un réaménagement en profondeur de l’organisation institutionnelle du pays. La Constitution actuelle, bâtie sur une logique semi-présidentielle, répartit les rôles entre le chef de l’État et un Premier ministre chargé de diriger le gouvernement. Or, la suppression de ce dernier fait craindre à certains l’émergence d’un hyperprésidentialisme. Le risque, pour les détracteurs de cette réforme, serait que cette nouvelle structure devienne un outil d’accaparement du pouvoir au détriment d’un équilibre institutionnel garant de la démocratie.

Toutefois, le gouvernement défend cette refonte en soulignant qu’elle vise à optimiser l’efficacité de l’exécutif et à répondre aux défis contemporains. Un exécutif à deux têtes est souvent synonyme de blocages et de lenteurs administratives, surtout dans des contextes de crises. Le Gabon, confronté à des enjeux économiques et sociaux croissants, pourrait donc bénéficier d’une chaîne décisionnelle raccourcie.

Quels impacts pour l’avenir démocratique du Gabon ?

La participation annoncée du Président de la transition à la présidentielle de l’an prochain fait écho à cette nouvelle architecture politique. L’homme fort de la transition, qui bénéficie d’un soutien populaire depuis la chute d’Ali Bongo, pourrait capitaliser sur cette réforme pour renforcer son assise politique. Si son élection à la présidence se concrétisait, il serait en position de piloter un exécutif concentré autour de sa personne, avec un vice-président en appui.

Reste à savoir si cette évolution sera perçue par la population comme un progrès démocratique ou comme une tentative de monopolisation du pouvoir. Les yeux sont désormais tournés vers le référendum de fin d’année qui devrait acter cette nouvelle Constitution. Dans ce contexte, le rôle du vice-président du gouvernement, aussi incertain soit-il à ce jour, pourrait s’avérer crucial dans l’équilibre futur du pouvoir gabonais.

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