Tribune Libre : La bipolarité politique du Gabon, entre illusion et quête d’avenir
Le Gabon traverse depuis des décennies une forme singulière de bipolarité politique, oscillant entre l’espoir d’un renouveau et la désillusion profonde. Malgré des transitions apparentes et des changements de figures politiques, le sentiment persistant d’insatisfaction nationale demeure, traduisant une instabilité émotionnelle collective face à la gouvernance du pays.
Cette bipolarité trouve ses racines dans un héritage politique dominé par des figures emblématiques telles qu’Omar Bongo Ondimba, dont la longévité au pouvoir a forgé une stabilité apparente, souvent perçue comme une paix imposée. La centralisation du pouvoir et l’absence de réformes structurelles ont consolidé un système où le changement semble impossible, générant une frustration grandissante.
Plusieurs leaders d’opposition, de Paul Mba Abessole à Pierre Mamboundou, ont incarné des moments d’espoir, mais ces instants se sont rapidement dissous dans le scepticisme populaire. L’émergence récente de figures comme Albert Ondo Ossa ne fait que renforcer cette alternance entre promesse et déception. Cette incapacité à rompre avec un cycle de réformes inachevées et de gouvernance stagnante perpétue l’idée que le peuple gabonais est pris dans une spirale d’illusions.
Les aspirations du peuple gabonais semblent ainsi paradoxales : une soif de changement sans véritable mobilisation vers une rupture radicale. Ce peuple, enfermé dans des revendications souvent limitées à des changements superficiels, semble accepter une forme d’évolution progressive qui ne remet jamais en cause les fondements du système.
Ainsi, la question demeure : le peuple gabonais est-il prêt à assumer les responsabilités que suppose une réelle liberté politique et économique, ou restera-t-il prisonnier de cette bipolarité entre espoir et désillusion ?
Pour la patrie.
Par Gaël Koumba Ayouné, Général des Mapanes, leader d’opinion.