Réagir à l’épreuve de la crise interne François Ndong Obiang, un président contesté
Le 21 octobre 2024, le Bureau exécutif du parti, par la voix de son secrétaire exécutif adjoint, Joseline Afouari Obouono, a dressé un réquisitoire sévère contre son propre président , François Ndong Obiang. Au centre des critiques : une gestion jugée unilatérale et contraire aux statuts du parti, soulevant des interrogations sur sa capacité à incarner un leadership véritablement collectif.
Ce que l’on reproche à François Ndong Obiang
Les griefs adressés à Ndong Obiang ne sont pas nouveaux, mais la publication de ce communiqué par le Bureau exécutif rend la fracture au sein de Réagir plus visible que jamais. Le principal reproche concerne son penchant pour les décisions unilatérales, symbolisé par sa prise de position publique en faveur du projet de constitution avant même sa publication officielle. Ce geste a été perçu comme une tentative de forcer la main à un parti dont l’essence repose sur la concertation et la collégialité.
François Ndong Obiang est également accusé d’avoir organisé des événements parallèles, détournant ainsi l’attention des rendez-vous officiels du parti. Organiser une réunion à Nkembo le même jour que l’installation des organes centraux de Réagir ne pouvait qu’alimenter des soupçons de sabotage interne ou, à tout le moins, un manque flagrant de sens de l’unité.
Plus grave encore est la question de la légitimité de Ndong Obiang à présider Réagir tout en conservant son poste de premier vice-président de l’Assemblée nationale. L’article 16 des statuts du parti est clair sur l’incompatibilité entre certaines fonctions nationales et les postes exécutifs au sein du parti. Le maintien de Ndong Obiang à ces deux postes soulève donc un problème structurel majeur qui, selon le Bureau exécutif, ne peut plus être ignoré.
Un leadership en contradiction avec les statuts
Les tensions sont encore montées d’un cran avec la nomination controversée de Persis Lionel Essono Ondo à la présidence intérimaire du parti. Cette décision, prise unilatéralement par Ndong Obiang, a été dénoncée par le Bureau exécutif comme illégitime, arguant que Guy Roger Aurat Reteno, actuel président par intérim, avait déjà reçu tous les attributs de la fonction. L’utilisation d’un autre cachet pour valider cette nomination a renforcé les accusations de manœuvres irrégulières et, surtout, d’un abus de pouvoir.
Le Bureau exécutif a même laissé entendre qu’il envisageait de saisir les juridictions compétentes pour faire respecter les statuts du parti, allant jusqu’à dénoncer l’utilisation frauduleuse des symboles et de l’identité du parti par François Ndong Obiang.
Une présidence fragilisée par des manquements financiers
En filigrane de cette crise politique, une autre question, plus insidieuse, émerge : celle du désengagement financier. Depuis 2022, François Ndong Obiang n’aurait plus contribué aux finances du parti. Ce détail, qui pourrait sembler anodin, est un signal inquiétant pour un parti qui aspire à incarner la refondation du Gabon. Comment prétendre à la reconstruction d’une nation si l’on ne contribue même plus à celle de sa propre formation politique ?
Le pari de l’unité est-il encore possible ?
Face à cette cascade de reproches, le Bureau exécutif de Réagir tente de temporiser en appelant à la retenue. Mais cet appel à l’unité semble sonner creux, tant la fracture est profonde. Les dissensions au sein du parti sont révélatrices d’une gouvernance en crise, où les ambitions personnelles semblent avoir pris le pas sur l’intérêt collectif.
La question qui se pose désormais est simple : François Ndong Obiang peut-il encore incarner l’avenir de Réagir ? Ou bien est-il en passe de devenir l’un des fossoyeurs de cette formation politique qui, autrefois, avait suscité tant d’espoirs ? Si l’on s’en tient aux accusations portées par le Bureau exécutif, le parti est aujourd’hui à la croisée des chemins. Il devra choisir entre la sauvegarde de ses principes fondateurs ou l’abandon à une gouvernance autoritaire et solitaire.
Ce qui est certain, c’est que cette crise interne, si elle n’est pas rapidement résolue, pourrait bien précipiter la chute d’un parti qui se veut pourtant être un acteur majeur de la scène politique gabonaise. Il est temps que Réagir réagisse, pour éviter de s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions.