POLITIQUE

Guy Nzouba Ndama : entre posture d’autonomie et ambiguïté stratégique face à l’UDB

Libreville, 15 juillet 2025 – Tandis que l’Union Démocratique des Bâtisseurs (UDB), nouveau parti du président Brice Clotaire Oligui Nguema, s’installe progressivement dans le paysage politique post-transition, Les Démocrates (LD) de Guy Nzouba Ndama tentent de faire entendre une voix singulière. Lors d’une rentrée politique organisée le 12 juillet, l’ancien baron du régime Bongo a esquissé une ligne qu’il qualifie de « solidarité réfléchie ». Une formule qui, derrière son élégance oratoire, traduit surtout une position d’équilibrisme ambiguë, entre prudence politique et volonté de rester dans le jeu.

Une « autonomie » de façade ?

Officiellement, Les Démocrates refusent toute fusion avec l’UDB. Mais leur discours évite soigneusement la confrontation directe avec le pouvoir actuel. Pas d’opposition claire, pas de soutien affiché, juste un positionnement flottant, entre bienveillance conditionnelle et critique sélective. Une posture qui peut s’interpréter comme une stratégie d’attente, voire d’opportunisme politique, dans un contexte où les anciens poids lourds cherchent à se repositionner sans se griller.

Guy Nzouba Ndama affirme vouloir défendre une « démocratie pluraliste »… tout en refusant de nommer ou de critiquer frontalement les dynamiques de recentralisation du pouvoir autour de l’UDB. À l’ère de la Vᵉ République, ce refus d’assumer clairement un rôle d’opposant pose question. S’agit-il d’un calcul pour rester fréquentable par le nouveau pouvoir ? Ou simplement de l’incapacité à se réinventer ?

Des appels creux à la refondation démocratique

Dans un discours aux accents lyriques, l’ancien président de l’Assemblée nationale plaide pour une République « plus douce », plus équitable. Mais ces paroles, souvent répétées dans le discours politique gabonais depuis trois décennies, sonnent creux en l’absence de propositions concrètes, de mesures audacieuses, ou d’un véritable ancrage populaire. Les grandes déclarations sur la justice sociale et la fin des privilèges semblent déconnectées des pratiques passées du LD et de son leadership, qui n’a jamais vraiment rompu avec l’ancien système.

Un appel à la base… pour éviter la marginalisation

La mobilisation des militants face aux nouvelles exigences légales en matière de représentativité est un aveu à peine voilé : Les Démocrates peinent à exister localement. Malgré un discours d’unité, le parti semble fragilisé, peu audible, et en perte de vitesse sur le terrain, notamment face aux forces émergentes ou restructurées autour de l’UDB.

Rester dans le jeu, à tout prix ?

Au fond, cette sortie politique de Guy Nzouba Ndama illustre une réalité plus large : la difficulté des anciens acteurs du système Bongo à se positionner de manière claire et crédible dans la nouvelle configuration politique. Entre la peur de l’oubli, le refus de l’opposition frontale, et la quête d’une place dans les équilibres futurs, le LD choisit une voie moyenne… qui pourrait le condamner à l’insignifiance.

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