Maganga Moussavou et Ondo Ossa dénoncent le rapport du Dialogue national inclusif
Le vendredi 31 mai à Libreville, Pierre Claver Maganga Moussavou et Albert Ondo Ossa, anciens candidats à l’élection présidentielle de 2023, ont tenu une conférence de presse. Au cœur de cette rencontre, la dénonciation du rapport du Dialogue national inclusif (DNI), notamment en ce qui concerne la suspension des partis politiques et l’exclusion des Gabonais nés de parents non gabonais de l’accès aux responsabilités. « Si le CTRI est venu libérer ce pays, il devrait s’assurer que le pays connaisse une véritable démocratie, à condition de ne pas s’immiscer dans la lutte politique, ce que nous déplorons aujourd’hui », a déclaré le président du PSD.
Une opposition unanime
Pierre Claver Maganga Moussavou et Albert Ondo Ossa ont ouvert la conférence de presse par une déclaration alarmante : « L’heure est grave ! ». La réunion avait pour objectif principal de rejeter le rapport du Dialogue national inclusif remis au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, le 30 avril dernier.« Nous ne voulons plus de diktat… Nous avons vécu comprimés »
Unis par une cause commune, Maganga Moussavou et Ondo Ossa ont exprimé leur rejet ferme des conclusions du DNI. « Le PSD et moi-même rejetons vigoureusement les conclusions d’un dialogue qui n’aura été, en fin de compte, qu’un monologue, dont les résultats ont été imposés par le CTRI à un prélat sans âme, sans mordant, et sans discernement », a affirmé Maganga Moussavou, précisant qu’il ne s’agissait pas de manquer de respect aux évêques.
Il a ajouté que ces derniers ont manqué l’occasion d’unir les Gabonais, une mission qui leur incombe. Se référant à l’histoire tumultueuse du pays, il a rappelé : « Nous avons vécu 1990. C’était une période terrible et pourtant, personne n’a été exclu. Aucun parti n’a été réduit ». Selon lui, les recommandations du DNI ont été imposées aux commissaires. « Nous ne voulons plus de diktat… depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui, nous avons vécu comprimés. Nous n’en voulons plus », a-t-il déclaré, soulignant que « les partis politiques ne sont pas responsables de la gestion de l’État ».
La dissolution des institutions remise en question
Abordant la question de la suspension du Parti démocratique gabonais (PDG), Maganga Moussavou a souligné que certains responsables, dont la Garde républicaine (GR), ont encouragé la situation actuelle. Pour lui, la GR doit être dissoute en premier, car elle est devenue « un bras séculier du pouvoir, responsable de toutes les exactions connues dans ce pays » et « ne joue pas son rôle en dehors d’être surarmée et de faire des coups d’État ». « A-t-on demandé de dissoudre la GR ? Le Sénat ? Le CESE ? Les églises ? Les associations ? », a-t-il interrogé, avant de répondre catégoriquement : « Non ».
Il a insisté sur le fait que la dissolution des partis politiques est injustifiée et qu’ils refusent toute imposition de lois arbitraires. « Nous disons non. Nous n’accepterons plus de nous faire dicter des lois », a-t-il affirmé, appelant le président Oligui Nguema à éviter une posture de « Ponce Pilate ».
Posture de vigilance critique
Corroborant les propos de Maganga Moussavou, Albert Ondo Ossa, candidat d’Alternance 2023, a exprimé sa réserve envers le CTRI, optant pour une posture de « non-défiance et de non-allégeance ». Cette approche lui a permis d’analyser froidement la situation et de constater que les choses ne vont pas dans la bonne direction, en raison d’une confusion entre les paroles et les actes.Évoquant les « conclusions supposées » du Dialogue, Ondo Ossa a exprimé sa désapprobation pour éviter d’éventuelles dérives autoritaires du CTRI. Il a critiqué l’absence de progrès et l’inaction en faveur de l’intérêt général du peuple gabonais. « Il n’existe à l’heure actuelle aucune volonté de garantir un avenir prospère et inclusif pour la nation », a-t-il déploré.
Un appel à la restructuration
Ondo Ossa a conclu en soulignant la nécessité de « partir de zéro pour restructurer les mentalités de la population ». Selon lui, il est temps de reconnaître que « nous ne sommes pas des sujets, mais des citoyens égaux dans notre maison commune, le Gabon ». Il a rappelé que la réorganisation des partis politiques relève des militants, et non de l’État, dénonçant toute tentative d’imposition comme de la « dictature ».
Maganga Moussavou a invité le président de la Transition à dialoguer avec les présidents des partis et les personnalités politiques sans exclusion. « S’il veut être candidat, qu’il le soit, mais sans exclure personne », a-t-il conclu.