SOCIETE

Négligence contraceptive chez les jeunes, une bombe à retardement

Le récent rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la baisse de l’utilisation des contraceptifs chez les jeunes sonne l’alarme. Plus d’un tiers des adolescents de 15 ans n’utilisent ni préservatif ni méthode contraceptive lors de leurs rapports sexuels. Ces chiffres, en chute libre depuis plusieurs années, révèlent une négligence tragique qui risque de faire des ravages au sein d’une génération de plus en plus exposée aux infections sexuellement transmissibles (IST) et aux grossesses non désirées.

Comment expliquer un tel recul dans l’usage de protections, alors que les moyens de contraception n’ont jamais été aussi disponibles et accessibles ? Si la pandémie de Covid-19, avec ses confinements successifs et la distanciation sociale, a retardé les premières expériences sexuelles de nombreux jeunes, elle semble aussi avoir engendré une forme de relâchement inquiétant quant à la protection de ces rapports. Sommes-nous face à un effet collatéral des crises récentes, où l’urgence sanitaire aurait éclipsé la prévention à long terme de la santé reproductive ?

Les données de l’enquête sont sans appel. Entre 2014 et 2022, l’utilisation du préservatif lors du dernier rapport sexuel est passée de 70 % à 61 % chez les garçons, et de 63 % à 57 % chez les filles. Ces chiffres révèlent un mépris pour l’éducation sexuelle, ou tout du moins une lacune dans les efforts de sensibilisation. Une question se pose : où avons-nous échoué ?

Ce désengagement des jeunes vis-à-vis des pratiques contraceptives pose la question du rôle des politiques publiques en matière de santé. Malgré les campagnes de prévention, la pilule contraceptive maintient son usage, mais le préservatif, seul rempart efficace contre les IST, est en déclin. Cette situation est d’autant plus alarmante que l’adolescence est une période cruciale, où se jouent les premières expériences sexuelles souvent marquées par l’insouciance et la vulnérabilité.

En France, où l’usage du préservatif diminue dangereusement, la tendance est préoccupante. Comment expliquer que, dans un pays où l’accès à la contraception est largement facilité, les jeunes s’en détournent autant ? Les autorités sanitaires semblent patauger dans des campagnes de prévention devenues obsolètes, déconnectées de la réalité des adolescents d’aujourd’hui. Si les jeunes sont plus informés que jamais grâce aux réseaux sociaux et à l’internet, pourquoi ces messages ne semblent-ils plus les atteindre ?

Le retour d’un conservatisme latent sur les questions de sexualité pourrait également expliquer en partie ce phénomène. Dans de nombreux pays européens, l’éducation sexuelle est encore perçue comme un sujet tabou, souvent négligé dans les écoles. Les adolescents se retrouvent alors livrés à eux-mêmes, sans réelle guidance, face à des informations contradictoires ou erronées.

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