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Gabon: le président de la Transition, pressé d’organiser les élections Pourquoi un tel empressement ?

Libreville, 24 octobre 2024 – Le président de la Transition gabonaise, le général Brice Clotaire Oligui Nguema, envisage d’organiser les élections présidentielles avant la fin de cette année, soit bien avant la date initialement prévue en août 2025. Cette annonce, relayée par le média Africa Intelligence, a suscité de nombreuses réactions au sein de l’opinion publique gabonaise et à l’international.

Alors que le référendum constitutionnel est prévu pour le 16 novembre 2024, la précipitation avec laquelle le Président souhaite organiser les élections présidentielles laisse place à des questionnements.

Un contexte politique favorable au Président

Selon les informations d’Africa Intelligence, le Président de la Transition aurait fait part de ses intentions à ses homologues ivoirien et congolais, Alassane Ouattara et Denis Sassou Nguesso, et chercherait à tirer profit de sa popularité actuelle pour asseoir sa légitimité à la tête du Gabon.

Après avoir pris le pouvoir le 30 août 2023 à la suite d’un coup d’État contre Ali Bongo, Oligui Nguema bénéficie d’un large soutien de la population, de l’armée, ainsi que des élites politiques du Haut-Ogooué et du PDG (Parti Démocratique Gabonais).Pour beaucoup, cet empressement pourrait s’expliquer par une volonté de capitaliser sur cet élan de popularité avant que la situation ne se complique, tant sur le plan national qu’international.

En effet, l’opposition gabonaise, encore non existante , n’est pour l’instant pas en mesure de constituer une menace sérieuse. Organiser des élections rapidement permettrait au Président de prendre de court ses adversaires politiques et de s’assurer une victoire relativement facile.

Des enjeux économiques pressants

Au-delà des considérations politiques, des impératifs économiques semblent également peser dans la balance. Lors de sa tournée républicaine à Moanda, le Président a évoqué la réticence des bailleurs de fonds internationaux à prêter de l’argent aux pays dirigés par des régimes militaires en transition. « Aucune banque ne prête de l’argent à un État en transition », avait-il déclaré, soulignant ainsi l’importance de revenir rapidement à un cadre démocratique pour rassurer les partenaires financiers du Gabon et favoriser les investissements étrangers.

L’accélération du processus électoral pourrait donc être perçue comme une tentative de redonner confiance aux institutions financières internationales et de stabiliser une économie fragilisée par des années d’incertitude politique et économique. Le retardement des élections jusqu’en 2025 risquerait de prolonger cette situation de blocage, avec des répercussions négatives sur l’économie du pays.

Les risques d’une transition précipitée

Toutefois, cette décision soulève de nombreuses inquiétudes. Si la popularité du Président est actuellement un atout, une précipitation dans l’organisation des élections pourrait engendrer des tensions sociales et politiques. Le processus électoral nécessite des préparatifs rigoureux pour garantir des élections transparentes et crédibles, ce qui pourrait ne pas être assuré dans un délai aussi court. Des élections bâclées ou mal préparées risquent de provoquer des contestations, voire des troubles, compromettant ainsi les efforts de transition engagés depuis plus d’un an.

De plus, le référendum constitutionnel du 16 novembre, qui devrait aboutir à l’adoption d’une nouvelle Constitution, sera suivi de près par la communauté internationale. Or, organiser des élections à la hâte pourrait nuire à la mise en œuvre effective de cette nouvelle charte fondamentale, un élément clé pour assurer une transition démocratique stable.

Quelle sera la suite ?

Alors que le référendum approche à grands pas, il reste à voir si Oligui Nguema persistera dans sa volonté d’organiser les élections avant la fin de 2024. Cette décision, bien que stratégique à court terme, pourrait s’avérer risquée si elle conduit à des tensions post-électorales.

Les Gabonais, tout comme la communauté internationale, attendent désormais de voir comment cette transition sera menée à bien, et si elle permettra de poser les bases d’une véritable démocratie au Gabon.

En attendant, le débat est lancé : entre considérations politiques, économiques et institutionnelles, pourquoi un tel empressement à organiser les élections présidentielles, et à quel prix ? Les prochains mois s’annoncent décisifs pour l’avenir du Gabon

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