Concert de l’Oiseau Rare : Entre célébration culturelle et stratégie politique au Palais des Sports
Le concert de l’artiste L’Oiseau Rare, organisé ce 21 décembre 2024 au Palais des Sports de Petit Paris, aura marqué l’histoire culturelle du Gabon. Près de 15 000 spectateurs survoltés, une retransmission en direct sur la télévision nationale, et en point d’orgue, l’apparition du ministre de la Culture, André-Jacques Augand, venu remettre au chanteur la nationalité gabonaise ainsi qu’un cadeau personnel du président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Une mise en scène spectaculaire qui suscite admiration et interrogations.
Un spectacle grandiose, mais controversé
Jamais un concert au Gabon n’avait bénéficié d’une telle médiatisation. La retransmission en direct par une chaîne publique soulève des questions légitimes : qui était derrière la promotion de cet événement ? Pourquoi mobiliser les ressources publiques pour un artiste ? Bien que talentueux, L’Oiseau Rare n’incarne pas à lui seul toute la scène artistique gabonaise. Ce choix, apparemment anodin, révèle une instrumentalisation politique de la culture
L’effervescence était palpable dès l’ouverture des portes du Palais des Sports, un lieu rarement associé à des événements culturels d’une telle envergure. Pourtant, ce qui devait être une célébration artistique s’est rapidement transformé en un spectacle à forte teneur politique.
La remise officielle du passeport gabonais à L’Oiseau Rare par le ministre de la Culture, André-Jacques Augand, a captivé l’attention autant qu’elle a suscité des interrogations.Le ministre a déclaré, devant une foule survoltée : « L’Oiseau Rare, au nom du président de la République, en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous donne à partir de ce soir votre passeport gabonais et votre certificat de nationalité. » En plus de ce geste, un cadeau personnel du chef de l’État une montre de luxe a été remis à l’artiste, renforçant le caractère exceptionnel de cet instant.
Une instrumentalisation de la culture ?
Si ce concert se voulait une reconnaissance du talent artistique de L’Oiseau Rare, la portée de l’événement dépasse de loin le cadre culturel. Le choix de retransmettre le spectacle en direct sur Gabon 24, une chaîne publique, a provoqué une vague de critiques.
Pourquoi mobiliser une plateforme médiatique nationale pour promouvoir un concert, alors que d’autres artistes gabonais, tout aussi méritants, peinent à obtenir une visibilité similaire ?Cette décision soulève des préoccupations sur l’indépendance des médias publics, qui semblent désormais servir des objectifs politiques.
En mettant l’accent sur un seul artiste, l’État donne l’impression de favoriser une figure emblématique pour renforcer son image auprès de la population. Une stratégie risquée, qui pourrait exacerber les divisions au sein de la scène artistique nationale.
Une stratégie de communication bien orchestrée
Au-delà du spectacle, ce concert semble avoir été pensé comme un outil de communication politique. Brice Clotaire Oligui Nguema, aurait utilisé cet événement pour se positionner comme un président proche du peuple et de la culture. Cependant, cette stratégie peut se retourner contre lui, notamment si les Gabonais perçoivent cette opération comme un écran de fumée, masquant les véritables défis du pays.
Le concert de L’Oiseau Rare restera gravé dans les mémoires, mais pas uniquement pour sa portée artistique. Il symbolise une dérive où la culture est utilisée comme un levier politique, au détriment d’une véritable reconnaissance des talents nationaux.