Gabon : Un emprunt de 131,19 milliards de FCFA, entre relance économique et surendettement
Le gouvernement de transition du Gabon a annoncé, ce jeudi 20 février 2025, en Conseil des ministres, l’autorisation de contracter un emprunt de 131,19 milliards de FCFA auprès d’Afreximbank. Ce prêt vise à financer le Programme National de Développement de la Transition (PNDT), un plan stratégique destiné à moderniser les infrastructures, renforcer l’éducation, améliorer la santé et développer le secteur énergétique.
Selon le porte-parole du gouvernement, Séraphin Akure-Davain, cette somme doit permettre d’accélérer la mise en œuvre des projets prioritaires, tout en stimulant la relance économique.
« Cet emprunt est une étape essentielle pour garantir la continuité des réformes et assurer un avenir meilleur aux Gabonais. » — Séraphin Akure-Davain
Un endettement qui inquiète
Si cet emprunt est justifié par le besoin de financer des réformes essentielles, il soulève toutefois des inquiétudes quant à la soutenabilité de la dette publique.
Le Gabon est déjà fortement endetté, avec une dépendance croissante aux financements extérieurs pour couvrir son déficit budgétaire. Or, l’absence de transparence sur la gestion de ces emprunts laisse craindre une aggravation du surendettement au détriment des générations futures.
Un économiste gabonais interrogé sur la question estime que cet emprunt, s’il n’est pas bien géré, pourrait devenir un piège financier :
« Ce n’est pas tant l’endettement qui pose problème, mais l’utilisation des fonds. Trop souvent, ces emprunts financent des projets mal planifiés, sans impact réel sur la population. »
Une décision aux enjeux politiques majeurs
Cette annonce intervient à moins de deux mois de l’élection présidentielle prévue en avril 2025, un moment critique pour le pays. Certains observateurs estiment que ce nouvel emprunt pourrait servir à financer des projets électoralistes plutôt qu’à véritablement structurer l’économie.
Qui garantira que ces fonds seront effectivement utilisés pour des infrastructures, des écoles ou des hôpitaux ?
L’opposition et une partie de la société civile dénoncent un manque de transparence dans la gestion des finances publiques et s’interrogent sur les véritables intentions du gouvernement de transition.
« Ce gouvernement non élu s’endette au nom du peuple sans rendre de comptes. Qui va payer demain ? » — Un cadre de l’opposition sous couvert d’anonymat
Un pari économique risqué
Le gouvernement joue une carte déterminante : redresser l’économie sans plomber les finances publiques. Il doit démontrer que cet emprunt profitera réellement aux Gabonais, sous peine d’aggraver la défiance envers les institutions.
Si les projets annoncés voient le jour, cet emprunt pourrait être un moteur de relance. Mais s’il suit le chemin de nombreux autres financements mal gérés, il ne fera qu’alourdir une dette déjà écrasante.