Présidentielle 2025 : Bilie-By-Nze entretient le suspense – Candidat ou simple manœuvre politique ?

Libreville, 5 mars 2025 – À seulement trois jours de la clôture des candidatures pour l’élection présidentielle du 12 avril 2025, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre et président d’Ensemble pour le Gabon (EPG), laisse planer un doute stratégique sur ses intentions. Alors que ses tournées provinciales et ses critiques virulentes contre le régime de transition laissaient présager une candidature imminente, son silence persistant commence à susciter des interrogations légitimes. Cette attente prolongée est-elle le signe d’une habile manœuvre politique ou l’aveu d’une hésitation coupable face à l’enjeu ?
Bilie-By-Nze : le silence d’un stratège ou d’un hésitant ?
Depuis plusieurs mois, Alain-Claude Bilie-By-Nze a multiplié les déplacements à travers le Gabon, critiquant sans relâche la gestion du pays par le CTRI et dénonçant les dérives d’un appareil d’État jugé partial. Une offensive qui ressemblait fort à une campagne électorale déguisée. Pourtant, à 72 heures de l’échéance, aucune déclaration officielle n’est venue confirmer sa participation à la présidentielle.
Cette posture énigmatique commence à semer le doute parmi ses propres partisans. « C’est à n’y rien comprendre. Pourquoi avoir investi autant de temps et d’argent pour finalement ne rien dire ? S’il finit par renoncer, ce sera vécu comme une trahison », s’indigne un cadre influent d’EPG, sous couvert d’anonymat. Ce silence lourd de sens pourrait en réalité cacher une autre vérité : la crainte d’une défaite dans un scrutin verrouillé par le régime de transition.
Une stratégie calculée ou une peur des urnes ?
Certains observateurs voient dans cette indécision une stratégie destinée à déstabiliser ses adversaires et à se positionner en candidat de dernier recours, capable d’arbitrer les alliances au sein de l’opposition. « Bilie-By-Nze tente peut-être de se poser en faiseur de roi, en retardant au maximum l’annonce de sa candidature. Mais c’est un jeu dangereux qui pourrait lui coûter cher », analyse un politologue gabonais.
D’autres, moins indulgents, estiment que ce silence est surtout le symptôme d’une peur d’affronter les urnes. La récente adoption d’un Code électoral controversé, perçu comme taillé sur mesure par le CTRI, pourrait avoir définitivement refroidi les ardeurs de l’ancien Premier ministre. « S’il renonce, ce sera la preuve qu’il n’a jamais eu l’intention d’affronter réellement le régime de transition. C’est l’attitude typique d’un stratège sans courage », tacle un gabonais.
Iloko Boussengui ,frappe au bon moment ?
Profitant de l’indécision de Bilie-By-Nze, le Dr Stéphane Germain Iloko Boussengui, ancien compagnon d’EPG, a surpris tout le monde en annonçant sa propre candidature. En claquant la porte d’EPG avec fracas, Iloko a dénoncé un manque de sérieux et de clarté chez son ancien mentor. « Quand il n’y a plus de sérieux dans un groupe, il faut savoir partir. Moi, Iloko, je suis candidat », a-t-il lancé avec une assurance calculée.
Cette sortie tonitruante n’est pas sans arrière-pensées. Pour de nombreux observateurs, Iloko cherche surtout à capter les déçus d’EPG et à combler le vide laissé par l’hésitation de Bilie-By-Nze. Reste à savoir si le leader du Large Rassemblement Arc-en-ciel parviendra à fédérer au-delà de son cercle restreint.
EPG au bord de l’implosion : les partisans en plein doute
Le silence de Bilie-By-Nze n’a pas seulement fragilisé son image ; il a aussi plongé Ensemble pour le Gabon dans une crise profonde. Lassés par l’attentisme de leur leader, plusieurs cadres du mouvement envisagent désormais de se tourner vers d’autres candidats plus affirmés. « On a l’impression qu’il joue avec nous. S’il ne se présente pas, ce sera la fin d’EPG tel qu’on le connaît », s’alarme un jeune militant.
À trois jours de l’échéance : l’heure de vérité approche
À moins d’un revirement spectaculaire d’ici le 8 mars, l’avenir politique d’Alain-Claude Bilie-By-Nze semble sérieusement compromis. S’il se lance, ce sera avec un retard considérable et une base militante démoralisée par des mois d’attente stérile. S’il renonce, il risque de voir son crédit politique réduit à néant et d’achever de disloquer EPG.
Dans ce contexte, le silence de Bilie-By-Nze ressemble de plus en plus à celui d’un condamné hésitant à prononcer ses derniers mots. La seule certitude, c’est que l’opposition gabonaise sortira profondément affaiblie de cette séquence. Et pendant que les états-majors tergiversent, le régime de transition, lui, continue d’avancer ses pions sans grande résistance.