Gabon : 1200 associations pour un seul homme – mobilisation populaire

À un mois de l’élection présidentielle du 12 avril 2025, le Gabon connaît une situation politique sans précédent. Le Rassemblement des Bâtisseurs (RDB), formation initiée par le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema, revendique l’adhésion de plus de 1200 associations.
Ce chiffre spectaculaire, dans un pays de seulement 2 millions d’habitants, laisse entendre une adhésion quasi-totale de la société civile au projet du chef de l’État. Mais au-delà de cette démonstration de force, plusieurs interrogations se posent : assiste-t-on à un élan populaire sincère ?
Une société civile entièrement acquise au président ?
Dans l’histoire politique gabonaise, aucune élection n’a connu un tel déferlement associatif. Même sous les régimes d’Omar et Ali Bongo, où la société civile était fortement encadrée, jamais une telle effervescence n’avait été affichée de manière aussi massive.
Si l’on rapporte ces 1200 associations à la population gabonaise, cela signifie qu’une association est créée pour environ 1660 habitants. À titre de comparaison, la France, qui compte environ 67 millions d’habitants, possède près de 1,5 million d’associations, soit une pour 45 citoyens. Ce ratio interpelle : comment un pays de taille modeste peut-il produire une telle densité organisationnelle en un temps record ?
Un modèle unique en Afrique ?
Peu de pays africains ont connu un tel raz-de-marée associatif en faveur d’un président en exercice. Même dans des régimes où le pouvoir est omniprésent, il existe généralement une diversité d’opinions exprimée à travers la société civile.
Le Gabon serait-il en train d’inaugurer une nouvelle forme d’alignement politique où l’opposition se retrouve quasi inexistante avant même de pouvoir s’exprimer ? Ou bien est-ce le signe d’un réel consensus national autour d’un homme et de son projet ?
Une élection déjà pliée ?
Si l’on suit la logique de cette mobilisation massive, Brice Clotaire Oligui Nguema semble se diriger vers une victoire écrasante. Mais cette apparente unanimité est-elle sincère ?
Les prochaines semaines seront déterminantes pour voir si cet élan se maintient et se traduit par une adhésion électorale massive, ou s’il s’agit simplement d’une stratégie politique visant à neutraliser toute opposition avant même que la bataille électorale ne commence.