Assises nationales sur l’emploi : un énième rendez-vous ou un réel tournant ?

Après plusieurs jours de discussions au stade d’Agondjé, les Assises nationales sur l’Emploi se sont clôturées sous la présidence du Premier ministre Raymond Ndong Sima, en présence des membres du gouvernement et des représentants du monde économique et social.
Présentées comme un moment clé pour l’avenir du travail au Gabon, ces assises ont abouti à un document de recommandations censé guider la refonte du marché du travail. Mais au-delà des discours et des promesses, la question demeure : cet événement changera-t-il véritablement la donne ou s’agit-il d’une nouvelle opération de communication gouvernementale sans lendemain ?
Un diagnostic connu de tous
Les échanges ont mis en lumière des problèmes déjà bien identifiés : inadéquation entre la formation et les besoins du marché, précarité croissante des contrats, difficulté d’insertion pour les jeunes diplômés, et manque de perspectives pour la jeunesse gabonaise. Si ces constats ne sont pas nouveaux, la véritable interrogation porte sur la volonté et la capacité du gouvernement à apporter des solutions concrètes et rapides.
Le Premier ministre a insisté sur la nécessité de bâtir un cadre plus inclusif et attractif pour l’emploi. Il a évoqué l’urgence de repenser le modèle économique en mettant l’humain et les compétences au cœur du développement. Mais ces déclarations, souvent répétées par les autorités depuis des décennies, ne suffisent plus à convaincre.
Des recommandations qui peinent à convaincre
Parmi les mesures évoquées figurent le renforcement de la formation professionnelle, la promotion de l’entrepreneuriat et la mise en place d’un cadre incitatif pour les entreprises. Autant de propositions qui, bien que pertinentes sur le papier, ne sont pas accompagnées d’un plan clair de mise en œuvre ni d’un engagement financier concret.
Le Gabon a déjà connu de nombreux plans et stratégies en matière d’emploi, souvent annoncés avec fracas avant de sombrer dans l’oubli faute de suivi. À ce jour, aucun mécanisme rigoureux de contrôle n’a été détaillé pour garantir que ces nouvelles recommandations ne subiront pas le même sort.
Un écart entre les promesses et la réalité
Les jeunes, principaux concernés par ces assises, attendent désormais des actes plutôt que des discours. « Nous avons trop souvent entendu les mêmes promesses, mais rien ne change réellement sur le terrain », déclare Jean-Louis, un demandeur d’emploi ayant participé aux discussions. Un autre participant ajoute : « On nous demande d’être patients, mais cela fait des années que nous attendons des résultats concrets. »
Si l’État s’engage à instaurer une meilleure coordination entre les acteurs socio-économiques, la défiance demeure quant à sa capacité à tenir ses engagements. Pire, certains dénoncent l’écart entre les annonces officielles et la réalité du marché de l’emploi, où le favoritisme, le clientélisme et la corruption continuent de priver de nombreux jeunes de véritables opportunités.