Affaire des “150 taxis camerounais saisis” : entre rumeurs persistantes et silence gouvernemental, une gestion communicationnelle en déroute

Depuis plusieurs jours, une information troublante agite les réseaux sociaux et une partie de la presse : 150 taxis camerounais auraient été saisis au Gabon. Démentie par certains, confirmée à demi-mot par d’autres, la rumeur se fraie un chemin dans l’opinion publique, nourrie par des vidéos, des images de véhicules , et des publications virales portées par des activistes très suivis.
À ce jour, il est encore impossible de vérifier la véracité de cette information. Mais ce qui est aujourd’hui indiscutable, c’est l’embarras ou pire, l’inaction du ministère des Transports, dont le silence prolongé a laissé libre cours à toutes les interprétations.
Dans un contexte aussi sensible, ce mutisme n’est pas neutre : il est lourd de conséquences.
Face à cette situation, c’est un conseiller du ministère de la Culture, Juste Parfait Moubamba, qui s’est exprimé publiquement pour tenter un démenti. Une intervention qui, bien que volontaire, souligne paradoxalement l’absence de prise en main institutionnelle par les autorités compétentes.
Comment comprendre qu’un dossier touchant aux frontières, à la régulation du transport interétatique et à la souveraineté économique du pays soit traité sur les réseaux sociaux par un conseiller qui n’a ni compétence technique dans le domaine ni mandat officiel sur ce dossier ?
Pendant ce temps, ni le ministère des Transports, ni la Direction générale des Douanes, ni la Police des frontières n’ont apporté de clarification formelle. Résultat : la rumeur continue de prospérer, alimentée par le vide communicationnel.
Cette affaire, qu’elle soit vraie, partiellement fondée ou totalement fausse, illustre un échec structurel de la communication gouvernementale. Dans une République en transition, où chaque geste de l’État est scruté, l’absence de réponse officielle rapide, coordonnée et crédible est inacceptable.
Si la rumeur est fausse, pourquoi n’a-t-elle pas été démentie immédiatement par les services compétents, avec preuves à l’appui ?Si elle est vraie ou partiellement fondée, pourquoi cette omerta ?Et si l’on ne sait pas encore, pourquoi ne pas dire simplement que des vérifications sont en cours ?
Dans un pays qui s’apprête à entrer dans la Cinquième République, avec un nouveau président démocratiquement élu, ce genre de flou n’est pas une erreur bénigne. C’est une faute politique.La rumeur ne tue pas un État. Mais le silence, lui, peut le fragiliser.