TRIBUNE LIBRE :À vous qui quittez le PDG : l’opportunisme n’est pas un projet politique

Par Gaël Koumba Ayouné, leader d’opinion, analyste généraliste et ancien prisonnier politique
“L’arbre peut perdre ses feuilles, mais il ne perd jamais ses racines.”
Alors que le Gabon écrit les premières lignes d’un chapitre nouveau sous l’égide du président Brice Clotaire Oligui Nguema, élu à une écrasante majorité, voilà que les rangs du Parti Démocratique Gabonais (PDG) se vident. Les démissions s’accumulent. Les visages d’hier, que l’on croyait indéboulonnables, tentent aujourd’hui de se refaire une santé politique sous couvert d’un patriotisme retrouvé.
Mais la ficelle est trop grosse.
À vous, anciens dignitaires du PDG, qui avez servi un régime déliquescent avec zèle, et qui découvrez subitement les vertus du changement dès lors que les projecteurs ne sont plus braqués sur vous : n’espérez pas que le peuple soit dupe. Vous n’avez pas quitté le navire en pleine tempête. Vous l’avez déserté une fois que la mer s’est calmée.
Où étiez-vous lorsque le peuple hurlait dans le silence de la répression ? Où étiez-vous lorsque les libertés étaient piétinées, lorsque les institutions étaient confisquées ?
Vous avez choisi le confort, la compromission, la fidélité au clan plutôt qu’à la nation. Et aujourd’hui, vous prétendez incarner l’alternative ? Vous voulez réécrire l’histoire en vous posant en architectes de la rupture ? Soyons sérieux.
Le Gabon d’aujourd’hui ne se bâtira pas sur les cendres des reniements. Le vice-président Barro Chambrier a eu raison de dénoncer les “profitosituationnistes”, ces carriéristes sans boussole, prêts à rallier n’importe quel camp pourvu qu’ils y trouvent un strapontin. Et vous en êtes l’incarnation parfaite.
Le peuple gabonais n’est pas amnésique. Il pardonne, peut-être. Mais il n’oublie pas.
Nous ne voulons pas d’un Gabon “recyclé”. Nous voulons un Gabon reconstruit sur des fondations saines. Et cela commence par un impératif de vérité : reconnaître ce que vous avez cautionné.
Car ce n’est pas le PDG, en tant que parti, qui est visé. C’est une manière d’exercer le pouvoir : celle de l’arrogance, du mépris des citoyens, de la répression, du clientélisme et de l’impunité. Une manière dont vous avez été les relais actifs.
Vous voulez participer à l’avenir ? Commencez par un acte de courage : le silence. Laissez ceux qui n’ont jamais trahi porter cette transition. Laissez ceux qui, depuis les quartiers populaires, les villages abandonnés et les prisons politiques, ont payé le prix du changement, montrer le chemin.
Le Gabon nouveau ne se construira pas avec ceux qui ont sali l’ancien. Il se construira avec ceux qui n’ont jamais renié le peuple.
“On n’éduque pas une nation avec des discours, mais avec des exemples.”
Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons être intransigeants : sur l’intégrité, sur la mémoire, sur la justice. Ce combat n’est pas idéologique. Il est moral.
La Révolution viendra du Mapane.
Et elle ne fera pas de place aux renégats maquillés en résistants.