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Participation des délégués spéciaux aux élections : entre devoir de neutralité et droit à l’éligibilité

Par la Rédaction de Gabonactu24 | 1er juillet 2025

À l’approche des élections locales et législatives prévues pour le 27 septembre 2025, le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Décentralisation, Hermann Immongault, a adressé une circulaire aux délégués spéciaux des communes et départements, les invitant à se retirer de leurs fonctions s’ils souhaitent se porter candidats. Une décision motivée par la volonté de garantir un processus électoral impartial, mais qui suscite néanmoins quelques interrogations dans les milieux juridiques et politiques.

Une démarche préventive pour éviter les conflits d’intérêts

Dans sa circulaire, le ministre rappelle que l’article 76 du Code électoral interdit au ministre de l’Intérieur d’être candidat à une élection qu’il organise. Selon lui, ce principe doit s’étendre à tous les agents relevant de sa tutelle, notamment les délégués spéciaux, en raison de leur rôle actif dans l’organisation des scrutins locaux.

Cette position vise à préserver l’intégrité du processus électoral, en empêchant toute forme de confusion entre les fonctions administratives et les ambitions politiques. Une démarche saluée par certains observateurs, qui y voient une mesure de bon sens, conforme aux exigences de neutralité que requiert une période électorale.

Un équilibre délicat entre fonction publique et citoyenneté

Cependant, cette injonction à démissionner soulève un débat de fond sur l’équilibre entre devoir administratif et droits civiques. En effet, les délégués spéciaux restent avant tout des citoyens gabonais, pleinement titulaires de leurs droits politiques, y compris celui de se présenter à une élection.

Pour plusieurs juristes, aucun texte de loi n’interdit explicitement aux délégués spéciaux d’être candidats, tant qu’ils respectent les délais légaux et les conditions d’éligibilité. Certains estiment que la circulaire du ministre, bien que fondée sur une logique de précaution, mériterait un encadrement plus clair par les instances compétentes.

Un signal fort, mais à clarifier

Le message du ministère est clair : éviter que ceux qui participent à la gestion de l’appareil électoral puissent tirer un avantage politique de leur position. Toutefois, pour éviter tout malentendu, une communication plus précise sur le fondement juridique de cette exigence serait utile, afin de ne pas donner le sentiment que certaines candidatures sont entravées de manière administrative.

Dans un contexte post-transition où la confiance citoyenne est un enjeu majeur, la transparence et la clarté des règles du jeu électoral sont essentielles.

rigueur administrative et respect des droits

La circulaire du ministre de l’Intérieur s’inscrit dans une volonté de garantir la neutralité des élections à venir, ce qui est louable. Mais dans une démocratie apaisée, chaque décision impactant les droits politiques doit reposer sur une base juridique solide et être appliquée de manière équitable à tous.

Le débat ouvert autour de cette note montre que la construction d’un processus électoral crédible passe aussi par la pédagogie, la clarté et le respect du droit.

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