Gabon : Ali Bongo exilé en Angola, sa famille également transférée sous discrétion diplomatique

Alors que le quotidien L’Union niait la libération de Sylvia et Noureddin Bongo, la présidence angolaise a publié des images confirmant l’exil d’Ali Bongo à Luanda. Une communication maîtrisée à Luanda, un silence pesant à Libreville.
Ce sont des images qui valent plus que mille démentis. La présidence de la République d’Angola a diffusé, ce jeudi, des images officielles montrant l’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba arrivant à Luanda. S’il apparaît seul devant les caméras, plusieurs sources concordantes assurent que son épouse Sylvia Bongo, son fils Noureddin, et d’autres membres de sa famille l’accompagnaient discrètement dans ce départ.
Ce départ marque le retrait définitif du clan Bongo du territoire gabonais, au terme d’un accord diplomatique discret conclu entre Libreville et Luanda. Il intervient dans un contexte où le Gabon a officiellement tourné la page de la Transition pour entrer dans la Cinquième République, sous la présidence de Brice Clotaire Oligui Nguema, élu en avril 2025 avec plus de 94 % des voix.
Quand L’Union démentait… avant que Luanda ne confirme
Quelques jours auparavant, le quotidien L’Union, organe de référence proche des institutions, avait catégoriquement nié la libération de Sylvia et Noureddin Bongo. L’article faisait même état d’un maintien strict de leur détention. Ce démenti officiel est désormais contredit de manière frontale par les images rendues publiques par la présidence angolaise.
La publication des images confirme non seulement la présence d’Ali Bongo en Angola, mais relance aussi les interrogations sur la gestion de la communication institutionnelle au Gabon.
Une opération diplomatique millimétrée
Le transfert du clan Bongo a été négocié de longue date sous l’impulsion du président João Lourenço, également président en exercice de l’Union africaine. Il visait à désamorcer un dossier à forte sensibilité politique, tout en offrant une porte de sortie à un ancien chef d’État malade et à sa famille, poursuivie pour détournement de fonds publics.
Aucune indication n’a été donnée à ce stade sur les éventuelles suites judiciaires des procédures engagées contre certains membres du clan Bongo. Officiellement, Ali Bongo résidera en Angola pour des raisons de santé et de sécurité.
Une nouvelle phase pour la Cinquième République
Ce départ intervient alors que le Gabon tourne une page historique. Le régime Bongo, au pouvoir durant plus d’un demi-siècle, a été remplacé par une nouvelle gouvernance qui s’est engagée à refonder les institutions, restaurer la confiance publique et renforcer l’État de droit.
Le départ de l’ancien président et de sa famille à l’étranger constitue un signal fort dans ce processus. Reste à savoir comment cette étape sera perçue par l’opinion, entre besoin de réconciliation et attentes de justice.