ACTUALITES

ANBG : une pétition inédite des étudiants met en cause la gouvernance du Pr. Ndjambou

Par la rédaction de Gabonactu24 – Libreville, 3 juin 2025

Pour la première fois dans l’histoire de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG), des étudiants ont pris l’initiative de lancer une pétition publique réclamant la démission du directeur général, le Pr. Ruphin Ndjambou. En deux jours à peine, près de 600 signataires ont joint leur voix à cette demande. Une mobilisation inédite qui en dit long sur la crise de confiance qui entoure la gestion actuelle de l’institution.

Une agence en panne, une jeunesse à bout

Ce qui était hier encore murmuré dans les couloirs universitaires s’affiche aujourd’hui au grand jour : l’ANBG est perçue par une partie croissante de ses usagers comme une institution déconnectée de ses missions, plombée par les lenteurs administratives, un manque chronique de transparence et une gouvernance jugée autoritaire et peu réceptive aux doléances.

Les retards dans le paiement des allocations, déjà structurels depuis plusieurs années, ont atteint des niveaux critiques, poussant certains étudiants à interrompre leur formation ou vivre dans la précarité, notamment à l’étranger. À cela s’ajoute une communication institutionnelle quasi absente, réduite à quelques publications protocolaires sans réel contenu informatif ni mécanisme de recours.

Des interrogations persistantes sur le profil du DG

La nomination du Pr. Ruphin Ndjambou en septembre 2023 avait déjà suscité des interrogations, notamment en raison de son statut de fondateur et gestionnaire d’un établissement privé d’enseignement supérieur. Cette double casquette, tolérée sans justification officielle, soulève aujourd’hui des soupçons de conflit d’intérêts récurrents, jamais levés de manière claire.

Pour nombre d’étudiants, cette situation illustre les dérives d’un système où l’appartenance au cercle du pouvoir semble primer sur les exigences d’éthique, de compétence et d’efficacité. La pétition apparaît ainsi comme une réponse citoyenne à une accumulation de frustrations longtemps étouffées.

Un test pour le discours officiel de réforme

Ce mouvement de contestation ne vise pas uniquement le directeur de l’ANBG. Il met en lumière les contradictions d’un État qui appelle à la rigueur mais peine à sanctionner les défaillances internes. Alors que le président Brice Clotaire Oligui Nguema a fait de la bonne gouvernance un pilier de son action, le maintien en poste d’un responsable contesté pourrait rapidement entamer la crédibilité du discours réformateur.

L’ANBG, structure centrale dans le soutien à la jeunesse gabonaise, ne peut durablement fonctionner dans un climat d’hostilité entre gestionnaires et bénéficiaires. Le silence prolongé des autorités face à une mobilisation aussi significative risque d’être interprété comme une forme de déni ou d’indifférence face aux réalités sociales vécues par les étudiants.

Une rupture générationnelle assumée

Au-delà du cas Ndjambou, cette séquence illustre une transformation plus profonde : la jeunesse gabonaise n’est plus disposée à subir sans réagir. En s’organisant autour d’une démarche structurée, en rassemblant des centaines de voix, les étudiants démontrent leur capacité à formuler des exigences précises et à interpeller l’État sur ses responsabilités.

Cette initiative pourrait bien marquer un tournant : celui d’une nouvelle ère dans la relation entre les citoyens-usagers et les institutions publiques. Il appartiendra aux autorités de choisir entre la surdité institutionnelle ou l’engagement dans une réforme crédible.

Related Articles

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Back to top button