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Plaine-Orety : Ndong Sima, bouc émissaire idéal dans une opération mal ficelée ?

Libreville, 16 juin 2025 – Alors que les déguerpissements à Plaine-Orety continuent de soulever une vague d’indignation au sein de l’opinion publique, l’ancien Premier ministre de la transition, Raymond Ndong Sima, est sorti de son silence pour se défendre face aux accusations portées contre lui. Dans une mise au point publique, il récuse toute implication directe dans les opérations de destruction des habitations et appelle à un retour au respect des faits et des procédures.

Des accusations sans preuves formelles

Des vidéos largement relayées sur les réseaux sociaux ont mis en cause l’ancien chef du gouvernement dans le déroulement des évacuations à Plaine-Orety, certains membres de la société civile affirmant qu’il aurait été à l’origine des décisions ayant conduit aux démolitions. Une version que Raymond Ndong Sima rejette catégoriquement, dénonçant des « déclarations infondées » et une tentative d’instrumentalisation de la douleur des populations.

Il rappelle qu’il n’a jamais engagé de destruction d’habitations durant sa période à la Primature, se limitant à des procédures préparatoires telles que le recensement des zones concernées, l’estimation des bâtis et la saisine du tribunal par l’Agent judiciaire de l’État. « Si j’avais eu l’intention d’exécuter des déguerpissements, pourquoi n’ai-je pas moi-même requis le génie militaire ? », interroge-t-il.

Une opération menée après son départ du gouvernement

Selon les précisions apportées par l’ancien Premier ministre, l’opération d’évacuation des habitants de Plaine-Orety a été effectivement lancée plus d’un mois après son départ du gouvernement. Ce calendrier pose une question essentielle : peut-on raisonnablement imputer la mise en œuvre d’une opération à un responsable qui n’était plus en fonction au moment de son exécution ?

L’absence de réponse claire à cette question alimente un flou que certains acteurs, notamment issus de la société civile, entretiennent parfois avec légèreté. Raymond Ndong Sima dénonce à ce titre une forme de confusion volontaire, où des affirmations publiques sont tenues sans que les responsabilités réelles soient établies sur la base de documents ou de décisions actées.

Une gestion sous contrainte, mais revendiquée comme rigoureuse

S’il reconnaît la sensibilité du dossier foncier à Libreville, l’ancien chef du gouvernement revendique une approche respectueuse du droit. Selon lui, toute action initiée à son époque s’est faite dans le cadre légal, avec un souci constant de l’équité administrative. Il se défend d’avoir agi dans l’arbitraire et affirme avoir toujours respecté les règles de collégialité propres à la période de transition.

Raymond Ndong Sima invite à faire la distinction entre la responsabilité politique d’un dossier et la responsabilité opérationnelle de son exécution. Pour lui, le fait d’avoir initié des procédures ne signifie pas en avoir ordonné leur issue brutale, d’autant plus que l’exécution s’est faite bien après son départ.

Le recours à la justice pour faire la lumièr

Face à la multiplication des attaques publiques, Raymond Ndong Sima annonce des poursuites judiciaires contre ceux qu’il accuse de diffamation. Il affirme vouloir rétablir la vérité dans un cadre légal, loin des invectives et des jugements hâtifs.

Actuellement en convalescence à l’étranger, il a assuré qu’il répondra devant les tribunaux à son retour au pays. Un signal fort qui vise, selon lui, à replacer le débat sur un terrain factuel et apaisé, à l’opposé des tensions émotionnelles et des procès d’intention.

Un climat tendu, des responsabilités encore floues

Au-delà de cette affaire, l’épisode Plaine-Orety met en lumière les limites de la gouvernance foncière et de la communication institutionnelle au Gabon. L’absence de transparence sur les listes d’indemnisations, le silence des ministères concernés, et le manque de dialogue avec les populations alimentent un sentiment d’injustice généralisée.

Si Raymond Ndong Sima cherche à se dédouaner, il soulève néanmoins des interrogations légitimes sur la façon dont sont prises – et surtout exécutées – les décisions publiques dans des contextes aussi sensibles.

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