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ACER : Une prime au travail bien fait ou un manque de renouvellement ?

Libreville, 28 juillet 2025

La publication de la liste des membres de l’Autorité de contrôle des élections et du référendum (ACER), le 27 juillet 2025, par la Commission nationale d’organisation et de contrôle des élections (CNOCER), marque une étape décisive dans la préparation des prochaines échéances électorales au Gabon. Si la composition de l’organe comprend une majorité de membres ayant déjà siégé lors du dernier cycle électoral, cette continuité soulève autant de marques de confiance que d’interrogations légitimes sur le besoin de renouvellement dans les institutions électorales.

Une reconduction partielle assumée

D’après les informations rendues publiques par le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, également président de la CNOCER, six des neuf membres de la nouvelle ACER sont issus de l’équipe précédente. Aucune irrégularité n’a été évoquée concernant cette reconduction, qui, selon les autorités, résulte d’une sélection fondée sur des critères objectifs, notamment l’expérience, la moralité et la compétence.

Cette décision est perçue, par certains observateurs, comme une volonté d’assurer une certaine stabilité dans l’encadrement du processus électoral. Toutefois, elle a également suscité des réactions plus réservées, notamment dans les milieux associatifs et universitaires, où l’on appelle régulièrement à un renforcement de la transparence, de la diversité et de l’indépendance des organes de contrôle.

Une procédure encadrée mais perfectible

Le ministère a reçu 85 candidatures, dont 14 émanant de femmes, pour une tranche d’âge comprise entre 35 et 68 ans. Après une phase de présélection, 18 profils ont été soumis à une enquête de moralité, préalable à la désignation finale. Cette dernière a été faite selon des critères définis dans le Code électoral.

Cependant, l’absence de publication des grilles d’évaluation, des critères précis de moralité ou des modalités de présélection reste un point de fragilité relevé par plusieurs organisations spécialisées dans la gouvernance électorale. Il convient toutefois de souligner que, jusqu’ici, aucun recours formel n’a été annoncé par les candidats écartés, bien qu’un délai de 48 heures leur ait été accordé pour saisir le ministère dans le cadre d’un recours gracieux, conformément aux procédures administratives en vigueur.

Un mandat temporaire mais stratégique

Conformément à l’article 32 du Code électoral, la nomination des membres de l’ACER interviendra par décret présidentiel, après expiration du délai de recours. Ils prêteront ensuite serment devant la Cour constitutionnelle, dans une cérémonie solennelle.

L’ACER, dont la mission est fixée à quatre mois renouvelables, est chargée de superviser l’ensemble du processus électoral, de l’enrôlement à la proclamation des résultats. Elle joue ainsi un rôle central dans la crédibilité et l’intégrité du scrutin. À ce titre, les attentes des citoyens, des partis politiques et des partenaires internationaux sont particulièrement élevées.

Une lecture à double tranchant

La reconduction de plusieurs anciens membres peut être interprétée de deux manières : comme une reconnaissance du travail accompli, ou comme un manque de volonté de renouveler profondément les pratiques et les visages dans les organes de gouvernance électorale. Sur ce point, le pluralisme des opinions doit être respecté, et seule l’action future de l’ACER permettra de juger de son impartialité, de sa rigueur et de sa capacité à garantir un scrutin libre, transparent et crédible.

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