Le Studio Mandarine, un symbole de la renaissance de la musique gabonaise.
Créé et autrefois promu par Jean-Yves Messan, bassiste décédé, producteur et homme de culture de renom, le Studio Mandarine a retrouvé un nouveau souffle, le 9 septembre à Libreville. La structure new-look a été inaugurée au quartier Nombakélé en présence d’un parterre d’invités et d’artistes passés par ce mythique studio dont les portes s’ouvrent de nouveau pour la valorisation de la musique gabonaise.
La salle de mixage new-look du Studio Mandarine, inauguré le 9 septembre 2023 à Nombakélé (Libreville).
À la mort de son fondateur, Jean-Yves Messan, en 2020, après des années de baisse de régime, le mythique Studio Mandarine a rouvert des portes, le samedi 9 septembre, à Nombakélé dans le 3e arrondissement de Libreville.
Gardant le cap fixé par l’emblématique promoteur et émérite bassiste sorti du film de la vie un 4 juin, sa progéniture a voulu reprendre le flambeau pour permettre aux artistes gabonais, en particulier, de réaliser leurs projets musicaux, leurs rêves. Autour de sa veuve, Quaresma Messan, ses enfants, ses amis, les membres de sa famille et de nombreux artistes passés par cet antre culturel ont redonné une nouvelle vie au légendaire studio, coupant officiellement le ruban symbolique.
Studio totalement numérique, le nouveau Studio Mandarine repris par Northon Messan, avec le soutien de ses proches, a désormais fière allure à Nombakélé. Face aux invités, Berthe Messan, fille de Jean-Yves Messan, a rappelé que «cela fait 33 ans que cet illustre homme de culture a eu le génie de créer le Studio Mandarine». «Jean-Yves Messan, toi qui a tant fait pour la musique gabonaise, pour les musiques du monde, aujourd’hui, 3 ans après ton départ, nous n’avons pas abandonné ton œuvre. Au contraire, nous avons ralenti le pas pour mieux reprendre la course sur ce chemin que tu as si bien tracé», a-t-elle témoigné, ajoutant que «Dieu a donné, Dieu a repris, mais nous avions l’intime conviction qu’il fallait laisser ton œuvre perdurer».
Au terme de deux ans de réflexion, de travaux, «tel un phœnix, le Studio Mandarine renait, non pas de ses cendres, mais d’un petit sommeil dans lequel il s’était plongé pour trouver l’inspiration, la force et surtout le courage afin d’amener la musique gabonaise encore plus loin».
Refaisant l’historique de cette reprise, le manager du Studio Mandarine, Northon Messan, a fait observer que son père est tombé malade en 2014. «Il y a eu une baisse des activités. Le studio n’était pas à l’arrêt. Non ! On s’est dit, on ralenti, on recule pour mieux sauter. La technologie évolue. Il fallait aussi tout mettre à jour. Il fallait repartir en formation, former les techniciens, et se mettre au niveau de la concurrence parce que, derrière, il y a beaucoup de studios qui sont arrivé », a-t-il expliqué.
«33 ans d’expérience, de vie»
Pour lui, l’avantage du Studio Mandarine c’est qu’il a 33 ans d’expérience, de vie. «On a 80 à 85% de la production musicale gabonaise qui sort de Mandarine. Et comme je disais, l’esprit Mandarine c’est tout un concept. Ici, la musique ce n’est pas faire du chiffre d’affaires ou avoir le maximum de clients. Non ! C’est essayer de partager notre expérience, de donner le meilleur possible, de travailler dans une bonne ambiance parce que la musique c’est de l’art. Ici, il est question de communier avec l’artiste, avec les personnes qui viennent nous voir parce qu’il s’agit de travail de l’esprit».
À cette inauguration, quelques artistes nationaux, de classe mondiale, à l’exemple de Serge Owono, Patrick Moussavou, Nadège Mbadou, Queen Koumb et le premier technicien de ce Studio, Jean-Louis Eyoghé, ont répondu présents pour honorer et raviver la mémoire de celui qui fut le «Manitou de la musique gabonaise». Au Studio Mandarine, «vous avez la touche Jean-Yves Messan. Il a su former. Il a formé bien de générations d’artistes… ».
Témoin privilégié de la vie de Mandarine, Nadège Mbadou, l’interprète du titre à succès «Silence» a exprimé son satisfécit quant à la reprise des activités. «Il y a de l’émotion. Il y a un peu de tristesse. Mais, de la joie parce qu’enfin on rouvre notre studio qui est resté longtemps fermé. Enfin, on est de retour à la maison !», a-t-elle fait comprendre, et de renchérir : «je n’ai jamais quitté Mandarine. Les portes de Mandarine étaient peut-être closes pour des gens extérieurs. Mais Mandarine a été toujours là pour moi, dans mon cœur».
«Répondre, au mieux, aux attentes»
La réouverture du Studio Mandarine a également été l’occasion pour la famille de lancer la fondation JYM. Structure devant œuvrer essentiellement dans le développement culturel, tous arts confondus. «Cette initiative est née de la volonté de JYM de faire toujours plus pour notre si belle culture», a expliqué Berthe Messan.
Le légendaire Studio Mandarine de JYM PROD offre désormais un espace de travail de qualité, moderne, dont une salle de répétition, équipée, avec possibilité d’enregistrer en live. De l’enregistrement au mixage, en passant par le mastering, la post-production sonore, ainsi que la création de bandes sonores pour des films et des événements (mariages, etc.), le Studio Mandarine est à même de répondre, au mieux, aux attentes.