Sommet FOCAC 2024 : Brice Oligui Nguema à Pékin pour renforcer les liens sino-gabonais, dans un contexte de défis économiques
Pékin, 1er septembre 2024 – Le président de la transition gabonaise, Brice Clotaire Oligui Nguema, a posé le pied en Chine ce dimanche soir, à l’aéroport international de Pékin. Sa visite intervient à l’occasion du 9e sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), qui se déroulera du 4 au 6 septembre dans la capitale chinoise. Cet événement marque non seulement le cinquantenaire des relations diplomatiques entre le Gabon et la Chine, mais il s’inscrit également dans un contexte de transformation des relations entre la Chine et l’ensemble du continent africain.
Depuis plusieurs décennies, la Chine a investi massivement en Afrique, faisant du continent un pilier de sa diplomatie mondiale. Le Gabon, comme beaucoup d’autres nations africaines, a bénéficié de ces investissements, qui se sont traduits par des projets d’infrastructures majeurs : la modernisation du réseau électrique de Libreville, la construction du Parlement gabonais. Ces réalisations, bien que spectaculaires, doivent être examinées sous un autre angle, celui des contreparties et des répercussions économiques à long terme.
La Chine est aujourd’hui le premier partenaire commercial de l’Afrique, avec des échanges qui ont atteint près de 168 milliards de dollars au premier semestre de 2024. Pour le Gabon, dont l’économie repose en grande partie sur ses ressources naturelles, ce partenariat offre des débouchés importants. Mais il serait illusoire de croire que cette relation est véritablement « gagnant-gagnant ». En effet, le Gabon, comme d’autres pays africains, reste confronté à une dépendance excessive vis-à-vis des importations et des prêts étrangers, sans parvenir à développer une véritable industrie locale qui transformerait ses matières premières sur place.
Le basculement des alliances africaines, autrefois tournées vers l’Occident, notamment la France, vers la Chine, est perçu par certains comme un signe de diversification stratégique. Pourtant, cette nouvelle orientation n’est pas sans risque. Les prêts chinois, souvent octroyés avec des conditions apparemment favorables, alourdissent en réalité la dette des pays africains, y compris le Gabon. Entre 2000 et 2023, la Chine a accordé plus de 1.300 prêts à 49 pays africains, pour un montant total de plus de 182 milliards de dollars. Si ces financements ont permis de réaliser des projets essentiels, ils augmentent également la pression financière sur les économies locales et posent des questions sur la souveraineté économique des États emprunteurs.
Pour le Gabon, ce sommet du FOCAC 2024 est une opportunité unique de réévaluer les termes de son partenariat avec la Chine. le Président de la transition, a la responsabilité de s’assurer que les intérêts du Gabon soient pleinement défendus et que les investissements étrangers contribuent réellement au développement durable du pays. Le Gabon, riche en ressources mais encore en quête de diversification économique, ne peut se permettre de retomber dans un cycle de dépendance financière qui compromettrait son avenir.
