Belinga : Une promesse minière encore en gestation
Le projet minier de Belinga, souvent décrit comme une clé du développement économique du Gabon, refait parler de lui, mais cette fois sous un prisme plus réaliste. Dans une récente interview accordée au journal L’Union, le ministre des Mines, Gilles Nembe, a dévoilé l’état réel du projet, loin des projections optimistes relayées ces dernières années.
Contrairement aux annonces précédentes, le ministre a confirmé que Belinga est encore en phase exploratoire. À ce jour, seuls 30 à 50 % des études de sondage ont été réalisées, une étape essentielle pour évaluer pleinement le potentiel du site. Une éventuelle expédition de minerai prévue en 2023, évoquée dans le passé, ne concernerait en réalité que des tests techniques, et non un début d’exploitation à grande échelle.
Cette mise au point tranche avec l’imaginaire collectif qui voyait déjà Belinga comme une locomotive économique prête à être mise sur les rails. Le ministre appelle ainsi à une lecture plus mesurée de ce projet, dont les défis structurels sont encore nombreux.
Malgré les retards, le ministre ne cache pas son ambition pour Belinga. En exploitant pleinement ses ressources en fer et manganèse, le Gabon pourrait non seulement booster la contribution des mines au PIB national de 6 % à 15 % d’ici 2040, mais aussi transformer localement ses minerais pour atteindre un tiers du PIB. Cette stratégie s’inscrit dans une volonté de diversification économique, essentielle pour réduire la dépendance pétrolière du pays.
Nembe insiste également sur l’impact social du projet, notamment en termes de création d’emplois et de développement des compétences locales. Mais il prévient : pour que Belinga devienne une réalité, il faudra synchroniser son développement avec d’autres projets miniers et infrastructures. Une vision holistique, qui, bien que prometteuse, exige une gouvernance rigoureuse et des partenariats solides.
L’histoire de Belinga illustre un problème récurrent : des annonces précipitées qui nourrissent des attentes disproportionnées. Le ministre, en jouant la carte de la transparence, invite à une remise en question de ces pratiques. Plutôt que de céder à des projections irréalistes, le Gabon doit s’engager dans une planification rigoureuse, où chaque étape est pensée en fonction des réalités techniques, financières et environnementales.