Affaire Persis Lionel Essono Ondo : Qu’est-ce qui cloche réellement dans son CV ?
Le Fonds Gabonais d’Investissements Stratégiques (FGIS), institution clé de la gestion des actifs stratégiques de l’État gabonais, est au cœur d’une polémique après la nomination de Persis Lionel Essono Ondo à sa tête, le 19 décembre 2024. Une enquête, publiée ce 7 janvier 2025 par Africa Intelligence et relayée par plusieurs médias, met en lumière des incohérences majeures dans le parcours professionnel du nouvel homme fort de cette entité stratégique. Cette affaire soulève des interrogations profondes sur les critères et la rigueur des nominations au Gabon.
Un CV qui suscite de sérieux doutes
Le parcours présenté par Persis Lionel Essono Ondo semblait, à première vue, exemplaire. Pourtant, nos confrères d’Africa Intelligence ont révélé des informations troublantes. Parmi les éléments mis en cause, une expérience mentionnée chez Natixis Capital Equity, une entreprise qui n’existe pas selon les recherches effectuées. De même, son passage chez Nexus Capital Market au Luxembourg, où il aurait occupé le poste de manager pour l’Afrique francophone entre 2014 et 2018, est impossible à vérifier : cette société ne figure dans aucun registre officiel luxembourgeois.
L’enquête pointe également des anomalies concernant Racine Investment Bank (RIB), société cofondée par Persis Lionel Essono Ondo à Londres en 2020. Les registres britanniques révèlent que cette banque d’affaires affichait, en 2023, des actifs nets de seulement 100 livres sterling (environ 120 euros), un montant dérisoire pour une structure censée opérer à l’international.
Une nomination qui interroge
Avec un portefeuille estimé à 300 milliards de francs CFA, le FGIS joue un rôle crucial dans la diversification économique du Gabon. La nomination de son dirigeant devrait donc obéir à des critères stricts de compétence et d’intégrité. Or, les révélations sur les incohérences dans le CV de Persis Lionel Essono Ondo fragilisent non seulement l’image du FGIS, mais aussi la crédibilité de l’État gabonais sur la scène internationale.
Une trajectoire politique controversée
Au-delà des zones d’ombre dans son parcours professionnel, le profil politique de Persis Lionel Essono Ondo ajoute une couche de complexité à cette affaire. Ancien porte-parole de Jean Ping, figure de l’opposition, il s’est récemment rapproché du pouvoir en soutenant le référendum constitutionnel de Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la transition. Cette volte-face lui a valu son exclusion du parti Réagir en novembre 2024. Ces changements d’allégeance politique suscitent des interrogations sur les motivations réelles derrière sa nomination.
Une gestion des nominations à revoir
L’affaire Essono Ondo met en lumière une problématique plus large : l’absence de mécanismes rigoureux pour évaluer les compétences et l’intégrité des candidats à des postes stratégiques au Gabon. Alors que le pays cherche à diversifier son économie et à renforcer la confiance de ses partenaires internationaux, ce type de controverse risque d’affaiblir ses institutions.
Interrogé par Africa Intelligence, Persis Lionel Essono Ondo s’est limité à déclarer qu’il fournirait des preuves pour répondre aux accusations portées contre lui. Cependant, l’ampleur des révélations appelle à une réflexion plus profonde sur la manière dont sont sélectionnés les responsables publics au Gabon.
